L’ambassade d’Iran à Damas aurait été saccagée dans le sillage de l’offensive rebelle qui a pris le contrôle de la capitale syrienne, annonçant par la même occasion la chute du président Bachar al-Assad. C’est ce que rapporte la télévision d’Etat iranienne, qui a diffusé des images tournées par la chaîne saoudienne Al-Arabiya montrant les dégâts importants subis par la représentation diplomatique.
Selon un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères cité par le quotidien anglophone Tehran Times, les diplomates en poste avaient pu évacuer les locaux avant l’assaut mené par ceux qu’il qualifie de « terroristes ». Pour l’heure, l’Iran n’a pas officiellement réagi à l’annonce de la chute de Bachar al-Assad, dont le régime a bénéficié pendant des années du soutien sans faille de Téhéran.
Un changement de ton de la diplomatie iranienne ?
Le dernier commentaire en date du ministère iranien des Affaires étrangères remonte à samedi et semblait marquer une inflexion, en appelant « gouvernement syrien et groupes d’opposition légitimes » à entamer des négociations. Une déclaration qui tranche avec la position jusque-là affichée par Téhéran, qui n’avait jamais reconnu d’opposition en Syrie, préférant parler de « terroristes ».
« Les événements en Syrie ouvrent un nouveau chapitre de la vie politique dans ce pays« , a ainsi analysé un expert iranien interrogé dimanche à la télévision d’Etat. Il a souligné que « le comportement des groupes armés et d’opposition qui ont pris le contrôle à Damas montre qu’ils font preuve de raison« .
L’Iran très engagé militairement auprès de Damas
Tout au long de la guerre civile syrienne, l’Iran a apporté un soutien militaire conséquent au régime de Bachar al-Assad, présenté comme l’envoi de « conseillers » à la demande de Damas. De nombreux officiers iraniens ont ainsi perdu la vie dans les combats mais aussi dans des frappes israéliennes visant des positions pro-iraniennes en Syrie.
Des milices chiites alliées de Téhéran, comme le Hezbollah libanais, ont également combattu aux côtés de l’armée syrienne. Cet engagement sur le terrain s’est doublé de fréquentes rencontres au plus haut niveau entre dirigeants syriens et iraniens.
Dix visites de Bachar al-Assad en Iran
Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Bachar al-Assad s’est ainsi rendu à dix reprises en Iran, la dernière fois en mai 2024. Une visite qui avait eu lieu peu après le décès dans un accident d’hélicoptère du président iranien de l’époque, Ebrahim Raïssi.
La dernière apparition publique conjointe entre Bachar al-Assad et un responsable iranien remonte quant à elle au 1er décembre 2024, lorsque le chef de la diplomatie Abbas Araghchi s’était déplacé à Damas. Depuis le début de l’année, le président syrien avait également eu plusieurs échanges téléphoniques avec son homologue iranien Massoud Pezeshkian, qui lui avait réitéré le soutien de Téhéran.
La position iranienne en question
Désormais, avec la prise de contrôle de Damas par les forces rebelles et l’exil probable de Bachar al-Assad, c’est tout l’édifice patiemment bâti par l’Iran qui semble s’effondrer. Téhéran va devoir composer avec de nouveaux interlocuteurs syriens, dont certains lui sont potentiellement hostiles.
Le sort de l’accord sur le nucléaire iranien, déjà fragilisé ces derniers mois, pourrait aussi se retrouver impacté par ce changement de donne géopolitique majeur. Les prochains jours seront cruciaux pour décrypter l’attitude que compte adopter la République islamique, prise de court par la rapidité des événements en Syrie.