Après près de 14 années d’un conflit dévastateur, la Syrie se trouve aujourd’hui à un moment charnière de son histoire. La prise de contrôle de la capitale Damas par les rebelles islamistes marque la fin d’un demi-siècle de pouvoir du clan Assad. Face à ce bouleversement majeur, l’émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, appelle à garder des « espoirs prudents » pour l’avenir du pays.
Un lourd bilan et des défis immenses
Dans un communiqué, M. Pedersen a souligné que ces presque 14 années de guerre civile ont été « un chapitre noir qui a laissé des cicatrices ». Le conflit, l’un des plus violents du XXIe siècle, a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Le diplomate a exprimé sa plus profonde solidarité envers tous ceux qui ont porté le poids de la mort, de la destruction, des détentions arbitraires et des violations massives des droits humains.
Malgré l’ampleur des souffrances endurées, l’envoyé spécial de l’ONU veut croire en un avenir meilleur. Il estime que ce jour marque un tournant et qu’il faut « embrasser la possibilité d’un renouveau« . Toutefois, il reconnaît que les défis à venir restent immenses, tant sur le plan sécuritaire, politique qu’humanitaire.
Le désir d’une transition stable
M. Pedersen a mis en avant « le désir clair exprimé par des millions de Syriens que des accords de transition stables soient mis en place, et que les institutions syriennes continuent de fonctionner ». Selon des sources proches du dossier, la coalition de groupes rebelles menée par HTS, issu de l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, aurait assuré vouloir œuvrer en ce sens.
Le diplomate onusien a souligné que la résilience du peuple syrien offrait un chemin vers une Syrie unie et pacifique. Il a appelé toutes les parties prenantes, syriennes comme internationales, à saisir cette opportunité historique pour bâtir une paix durable et inclusive.
Une avancée rebelle fulgurante
La prise de contrôle de la quasi-totalité du pays par les forces rebelles en seulement une dizaine de jours a surpris par sa rapidité. Après s’être emparés des grandes villes d’Alep et Hama, les insurgés ont annoncé dans la nuit de samedi à dimanche avoir pris le contrôle de Homs, troisième ville du pays, avant d’entrer dans la capitale Damas ce dimanche.
Bachar al-Assad, qui dirigeait d’une main de fer la Syrie depuis 24 ans, avait réprimé dans le sang le soulèvement populaire de 2011 qui s’était transformé en guerre civile. Sa chute soudaine laisse planer de nombreuses incertitudes sur l’avenir du pays.
La communauté internationale en alerte
Face à ce changement brutal de régime, la communauté internationale est en état d’alerte. Les chancelleries s’activent pour tenter d’encourager une transition pacifique et inclusive. Plusieurs pays ont appelé à la retenue toutes les parties et à la protection des populations civiles dans ce contexte très instable.
De son côté, le Secrétaire général des Nations unies a assuré que l’ONU se tenait prête à apporter tout son soutien au peuple syrien dans cette phase critique. L’organisation entend notamment intensifier son assistance humanitaire auprès des populations les plus vulnérables.
Des espoirs teintés de prudence
Si ce bouleversement suscite indéniablement des espoirs de tourner la page d’un conflit dévastateur, la prudence reste de mise. De nombreux experts s’inquiètent de la fragilité de la situation et de la capacité des groupes rebelles hétéroclites à s’entendre pour gouverner.
La route vers la paix sera longue et semée d’embûches. Mais les Syriens ont prouvé leur incroyable résilience. Avec le soutien de la communauté internationale, ils peuvent surmonter ce défi immense.
Un diplomate occidental
Dans ce contexte très incertain, la priorité est d’éviter de nouveaux affrontements et de protéger les civils. Stabiliser la situation sécuritaire et humanitaire sera un préalable indispensable à toute reconstruction politique, économique et sociale du pays.
La Syrie entre ainsi dans une nouvelle phase critique de son histoire. Si la fin du régime Assad fait naître un immense espoir, le chemin vers la paix et la réconciliation s’annonce long et périlleux. La communauté internationale aura un rôle clé à jouer pour accompagner ce processus et ne pas laisser ce moment décisif se transformer en nouvelle désillusion pour le peuple syrien.