Ce dimanche matin, l’émotion était palpable devant la grande mosquée de Fatih à Istanbul. Des centaines de réfugiés syriens, incrédules et exultant de joie, se sont rassemblés spontanément après l’annonce de la chute du régime d’Assad, qui régnait d’une main de fer sur la Syrie depuis plus de 20 ans.
Pour beaucoup, cette nouvelle a un goût d’irréel. « Je ne pensais pas que ça arriverait un jour, même pas dans trois siècles ! », s’exclame Mohamad, étudiant syrien originaire d’Alep. « On a l’impression de renaître », renchérit Sawsan, jeune mère qui a fui le siège de Homs en 2011 avec son fils. Tous deux rêvent désormais de fouler à nouveau le sol de leur pays, enfin libéré du joug de la famille Assad.
Liesse et incrédulité mêlées
Sous une pluie battante, la foule scande des « Allah akbar ! » tonitruants. Certains brandissent le portrait d’Abdel-Basset al-Sarout, footballeur devenu icône de la rébellion. « Aujourd’hui est une grande fête pour nous, les Syriens ! », se réjouit Ibrahim, l’un des trois millions de réfugiés syriens présents en Turquie.
Mais pour beaucoup, l’heure est aussi au souvenir des drames et des sacrifices endurés. Le fils d’Ibrahim est devenu handicapé suite au traumatisme causé par un bombardement à Alep. Ahmed, un ex-militaire ayant fait défection, espère qu’Assad sera exécuté. « Si Dieu le veut, il sera décapité », assène-t-il.
L’espoir d’un nouveau départ
Face à l’avenir, les sentiments oscillent entre espérance et incertitude. Mohamad, étudiant en ingénierie civile à la prestigieuse université de Bogaziçi, envisage désormais de rentrer pour participer à la reconstruction de la Syrie. D’autres rêvent d’une Syrie unifiée et en paix.
Qu’il aille en Russie, en Biélorussie ou Venezuela, laissez-le y aller. Dans tous les cas, il finira en enfer.
Mohamad, à propos du sort d’Assad
Selon Mohamad, la moitié des réfugiés syriens de Turquie pourraient faire le choix du retour. Mais la route sera longue pour panser les plaies et reconstruire un pays dévasté par une décennie de guerre sans merci. Une nouvelle page de l’histoire syrienne s’ouvre, entre espoirs immenses et défis colossaux.