Le parti Baas, qui régnait sur la Syrie depuis plus d’un demi-siècle, a finalement été renversé dimanche lorsque les rebelles ont pris le contrôle de Damas. Pour de nombreux Syriens, ce parti aura été le symbole de la répression durant les règnes successifs d’Hafez al-Assad puis de son fils Bachar.
Fondé en 1947 par deux nationalistes syriens, le parti Baas prônait l’unité des pays arabes. Il a rapidement gagné en popularité parmi les intellectuels, les paysans et les minorités religieuses. Mais ses fondateurs étaient loin d’imaginer que deux branches rivales du parti allaient instaurer des régimes autocratiques et ennemis en Syrie et en Irak.
De la prise de pouvoir à la dynastie Assad
En mars 1963, le Baas prend le pouvoir en Syrie via un coup d’État militaire. Un second putsch en 1966, mené notamment par le général Hafez al-Assad, écarte la direction historique du parti. Assad s’empare finalement du pouvoir en 1970 lors d’un troisième coup d’État.
Pendant les 30 années de règne d’Hafez al-Assad, le pays se referme : opposition muselée, manifestations interdites, état d’urgence décrété. En 1982, le régime écrase dans le sang un soulèvement des Frères musulmans, faisant entre 10 000 et 40 000 morts selon les estimations.
Une « République héréditaire »
À la mort d’Hafez en 2000, son fils Bachar lui succède à la présidence, à la faveur d’un amendement constitutionnel. Pour les opposants, c’est l’avènement d’une « République héréditaire ». Comme son père, Bachar est issu de la minorité alaouite, une branche de l’islam chiite, dans un pays à majorité sunnite.
Lors de chaque « élection » présidentielle, Hafez puis Bachar sont systématiquement « élus » avec plus de 90% des voix, lors de référendums factices sans aucune opposition autorisée.
La révolution syrienne et la chute du régime
En 2011, les révoltes du Printemps arabe gagnent la Syrie et remettent en cause l’hégémonie du parti Baas. Bachar al-Assad promet des réformes tout en réprimant le soulèvement dans le sang. Une guerre civile éclate, morcelant le pays et faisant plus d’un demi-million de morts.
Malgré une réforme constitutionnelle en 2012 mettant fin à la prédominance officielle du Baas, le parti conserve les rênes du pouvoir jusqu’à dimanche dernier. Les rebelles, en prenant le contrôle de Damas, ont proclamé « la fin de cette sombre page et le début d’une nouvelle ère pour la Syrie », après un demi-siècle de règne du Baas.
50 ans d’oppression sous le pouvoir du Baas, et 13 années de crimes, de tyrannie et de déplacements.
Un porte-parole des rebelles syriens
La chute du régime marque un tournant historique pour la Syrie. Mais le pays, ravagé par des années de guerre et de répression, fait face à un immense défi de reconstruction, à la fois matérielle et politique. L’avenir dira si cette « nouvelle ère » tant espérée par les Syriens sera à la hauteur de leurs attentes.