Le régime de Bachar El-Assad, qui dirigeait la Syrie d’une main de fer depuis plus de deux décennies, s’est effondré en l’espace de quelques jours face à une offensive fulgurante des groupes rebelles. Selon des sources proches du dossier, le président syrien aurait quitté précipitamment le pays alors que les combattants entraient dans Damas.
Une coalition hétéroclite unie contre le régime
Le fer de lance de cette offensive surprise est le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), anciennement lié à Al-Qaïda. Mais il a réussi à fédérer autour de lui une large coalition de factions rebelles, des islamistes aux brigades de l’Armée syrienne libre (ASL) soutenues par l’Occident, en passant par des groupes indépendants.
Leur point commun : la volonté d’en finir avec un régime honni, accusé de multiples exactions et crimes de guerre depuis le début du soulèvement populaire en 2011. Malgré leurs divergences, les rebelles ont su s’unir pour porter le coup fatal.
Un coup de maître des rebelles
Lancée fin novembre depuis le bastion rebelle d’Idlib dans le nord-ouest, l’offensive a pris tout le monde de court par sa rapidité et sa coordination. En quelques jours, les insurgés ont reconquis de larges pans du territoire :
- Les villes clés de Hama, Homs et Deraa sont tombées en 48h
- L’aéroport militaire d’Abou Douhour et la base russe de Hmeimim ont été pris d’assaut
- Les rebelles affirment avoir libéré la tristement célèbre prison de Sednaya près de Damas
Face à cette débandade, l’armée syrienne n’a opposé qu’une faible résistance, de nombreuses unités ayant déserté ou fait défection. Déjà affaibli, le régime n’a pas résisté à cet ouragan.
Damas est tombée, Bachar El-Assad en fuite
Arrivés aux portes de Damas ce weekend, les rebelles ont fini par pénétrer dans la capitale syrienne et atteindre le palais présidentiel. Mais d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Bachar El-Assad avait déjà fui le pays depuis l’aéroport international de Damas, avec sa famille et des proches du régime.
Filmés devant des bâtiments officiels, les chefs rebelles ont proclamé la « libération » de la Syrie et la fin du règne de la famille Assad, au pouvoir depuis 1970. Le Premier ministre a proposé d’assurer la transition en attendant la désignation d’un nouveau gouvernement.
La communauté internationale prise de court
Si la rapidité des événements a surpris les chancelleries, les grandes puissances ont rapidement réagi. Les États-Unis et l’Union européenne ont salué « un espoir pour le peuple syrien » tout en appelant à une transition pacifique. La Russie, principal soutien du régime, a dit « prendre acte » de la situation.
Le futur de la Syrie doit désormais s’écrire loin de la dictature et dans le respect de toutes les composantes de la société.
Emmanuel Macron, président français
Mais le plus dur reste à faire. Dans un pays morcelé après une décennie de guerre civile meurtrière, il faudra restaurer l’unité et ramener la paix. Le sort des minorités, à commencer par les Alaouites dont est issu Bachar El-Assad, sera scruté de près, de même que le respect des droits humains par les vainqueurs.
Avec l’implication de puissances étrangères aux intérêts contradictoires, les tractations diplomatiques s’annoncent aussi ardues. L’avenir de la Syrie est loin d’être écrit. Mais une page sanglante de son histoire vient assurément de se tourner.