C’est un symbole des années fastes du tourisme azuréen qui s’apprête à tirer sa révérence. Inauguré en grande pompe en 1970, le Marineland d’Antibes, premier parc marin d’Europe, fermera définitivement ses portes le 5 janvier 2025. L’annonce, aussi soudaine qu’inattendue, sonne le glas d’un modèle de divertissement aujourd’hui décrié mais qui fit les belles heures de la Côte d’Azur.
Du rêve à la controverse
Lorsqu’il ouvre ses portes il y a plus d’un demi-siècle, le Marineland incarne la promesse d’un spectacle inédit, à mi-chemin entre féerie aquatique et prouesse zoologique. Dauphins, orques, otaries : le public se presse pour admirer ces ambassadeurs des mers, dressés pour offrir une chorégraphie millimétrée. Le succès est au rendez-vous et les visiteurs affluent, émerveillés par le ballet aquatique.
Mais au fil des années, le rêve se lézarde. Les associations de défense des animaux montent au créneau, dénonçant les conditions de captivité des cétacés et l’impact délétère des spectacles sur leur bien-être. Des vidéos chocs circulent, montrant des bassins exigus et des animaux en souffrance. Le parc contre-attaque, arguant de son rôle dans la recherche scientifique et la sensibilisation à la protection des océans. Mais le mal est fait et l’image du Marineland se ternit inexorablement.
Le casse-tête de l’avenir des cétacés
Acculée, la direction finit par jeter l’éponge, entérinant la fermeture du site. Mais une question cruciale demeure : que vont devenir les pensionnaires du Marineland ? Si les otaries et les dauphins pourraient être transférés dans d’autres parcs, le sort des orques semble plus incertain. Leur réintroduction dans leur milieu naturel, un temps évoquée, apparaît illusoire tant ces cétacés sont conditionnés par des décennies de captivité.
Nous étudions toutes les options pour garantir le bien-être de nos animaux, en concertation avec les autorités et les experts. Leur avenir est notre priorité absolue.
Un responsable du Marineland
Selon des sources proches du dossier, un transfert des quatre orques – Moana, Wikie, Inouk et Keijo – vers un parc aquatique japonais serait à l’étude. Une perspective qui hérisse les défenseurs des animaux, réclamant la création de vastes sanctuaires marins permettant aux cétacés captifs de finir leur existence dans des conditions proches du milieu naturel. Les tractations s’annoncent intenses dans les mois à venir pour déterminer le sort de ces mastodontes des mers, devenus malgré eux les symboles d’une époque révolue.
Un modèle économique à réinventer
Au-delà de la question éthique, la fermeture du Marineland soulève un défi économique et social de taille. Avec ses 800 000 visiteurs annuels et ses 200 employés, le parc était un moteur de l’activité touristique locale. Sa disparition laissera un vide abyssal, menaçant tout un écosystème de commerces et d’hôtels vivant de ses retombées.
Le Marineland faisait vivre de nombreuses familles. Sa fermeture est un coup dur pour notre région. Il va falloir se réinventer.
Un commerçant antibois
Des pistes sont d’ores et déjà évoquées pour reconvertir le site et préserver son attrait touristique. Parmi les options sur la table :
- La création d’un pôle dédié au bien-être et aux activités de plein air
- L’aménagement d’un parc à thème sur l’environnement marin, sans animaux vivants
- La reconversion en centre de recherche et de sensibilisation sur les écosystèmes marins
Quel que soit le scénario retenu, la page Marineland sera difficile à tourner pour Antibes et sa région. Au crépuscule d’un modèle qui aura fait la fortune et la renommée de la Côte d’Azur, c’est toute une ville qui s’interroge sur son avenir. Le défi est immense mais porteur d’espoir : celui d’inventer un nouveau chapitre, plus durable et respectueux du vivant, pour ce joyau de la French Riviera.