Ce samedi 7 décembre, les Ghanéens étaient appelés aux urnes pour désigner leur prochain président lors d’un scrutin qui s’annonçait particulièrement serré. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest considéré comme un modèle de stabilité démocratique, la présidentielle a opposé le vice-président sortant Mahamudu Bawumia à l’ancien président John Mahama sur fond d’une crise économique persistante.
Un duel au sommet pour succéder au président sortant
Conformément à la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, le chef de l’État sortant Nana Akufo-Addo ne pouvait pas se représenter. Son dauphin désigné et actuel vice-président, Mahamudu Bawumia, un ancien banquier central, a donc porté les couleurs du parti au pouvoir, le Nouveau Parti Patriotique (NPP). Face à lui, John Mahama, qui a déjà dirigé le Ghana de 2012 à 2017, espérait faire son retour à la tête du pays sous la bannière du Congrès National Démocratique (NDC), le principal parti d’opposition.
Les deux rivaux, tous deux originaires du nord du Ghana, se sont affrontés dans les urnes mais aussi sur le terrain économique, chacun promettant de sortir le pays de l’ornière financière dans laquelle il est plongé depuis plusieurs années.
Une économie en berne malgré les atouts du pays
Malgré des ressources naturelles importantes, le Ghana traverse en effet une passe difficile :
- Le pays est le premier producteur d’or d’Afrique et le deuxième producteur mondial de cacao derrière la Côte d’Ivoire.
- Mais la croissance économique a fortement ralenti et l’inflation a dépassé les 50% avant de redescendre autour de 23%.
- Pour faire face à ses difficultés, le gouvernement a dû solliciter un prêt de 3 milliards de dollars auprès du FMI.
Durant la campagne, le vice-président sortant Mahamudu Bawumia a tenté de se distancer des critiques sur la gestion économique, bien qu’il ait été à la tête de l’équipe chargée de ce dossier sous la présidence d’Akufo-Addo. De son côté, John Mahama a mis en avant son expérience passée à la tête de l’État, espérant capitaliser sur le mécontentement d’une partie de la population.
Nous voulons voter pour le changement, car la situation économique est très difficile.
James Nsiah, électeur ghanéen
Une élection globalement calme malgré quelques incidents
Si le scrutin s’est déroulé dans le calme sur la majeure partie du territoire, un incident grave est venu ternir cette journée électorale. Selon la police et des médias locaux, une personne a été tuée par balle et quatre autres arrêtées dans un bureau de vote de la localité de Nyankpala, dans le nord du pays. Les circonstances exactes du drame n’ont pas été précisées.
Les bureaux de vote ont fermé à 17h GMT et le dépouillement a débuté dans la foulée. Les premiers résultats partiels sont attendus dimanche, mais il faudra probablement patienter jusqu’à mardi pour connaître les résultats complets et savoir qui du vice-président Bawumia ou de l’ex-président Mahama dirigera le Ghana pour les quatre prochaines années.
Au-delà de l’économie, d’autres défis attendent le futur président
Le vainqueur de ce duel électoral devra non seulement redresser l’économie du pays, mais aussi faire face à d’autres problématiques majeures :
- La lutte contre l’exploitation illégale des mines d’or, qui cause d’importants dégâts environnementaux et économiques, est devenue un enjeu central. Le gouvernement sortant avait promis d’éradiquer ce fléau, mais le phénomène s’est aggravé avec la hausse des cours du métal précieux.
- Comme ses voisins frontaliers (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire), le Ghana est confronté à une menace sécuritaire croissante venue du Sahel. Les risques de contagion des violences djihadistes qui frappent le nord du Burkina Faso et le Niger sont de plus en plus prégnants.
Au terme d’une élection à suspense, les Ghanéens espèrent que leur futur président saura apporter des réponses concrètes à ces défis multiples. Considéré depuis longtemps comme un modèle démocratique et de stabilité dans une région secouée par les turbulences politiques, le Ghana joue encore une fois son avenir dans les urnes.