Coup de tonnerre sur la scène internationale. L’agence de notation Fitch vient de réviser à la baisse les perspectives de la Géorgie, les faisant passer de « stable » à « négative ». Cette décision, lourde de conséquences, intervient alors que le pays est secoué par une grave crise politique et d’importantes manifestations depuis les élections législatives controversées d’octobre dernier. Mais quelles sont les raisons derrière ce changement de cap et quelles pourraient en être les répercussions pour ce petit pays du Caucase ?
Une crise politique qui s’envenime
Tout a commencé fin octobre, lorsque les Géorgiens se sont rendus aux urnes pour élire leur nouveau Parlement. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, sort vainqueur du scrutin. Mais l’opposition crie à la fraude massive et refuse de reconnaître les résultats. S’ensuivent alors des manifestations monstres dans les rues de Tbilissi, la capitale, rassemblant des dizaines de milliers de Géorgiens proeuropéens. Ils accusent le gouvernement de dérive autoritaire et de vouloir jeter le pays dans les bras de la Russie.
Le cœur de la discorde ? La décision du pouvoir de geler jusqu’en 2028 les pourparlers d’adhésion à l’Union européenne, un coup dur pour cette ex-république soviétique qui rêve d’intégrer le bloc européen et de s’émanciper de l’influence russe. Chaque soir, les affrontements entre manifestants et policiers rythment le centre-ville de Tbilissi. Et les appels à la démission des autorités se font de plus en plus pressants.
Une présidente qui monte au créneau
Face à cette crise sans précédent, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a décidé de monter au créneau. Selon une source proche du dossier, elle aurait fait savoir qu’elle refuserait de quitter ses fonctions tant que le gouvernement n’aura pas organisé de nouvelles élections législatives. Un pari risqué, mais qui témoigne de la gravité de la situation.
Les risques politiques devraient rester très élevés. Une crise politique prolongée pourrait saper la confiance des investisseurs et de la population.
Fitch Ratings
Des signes inquiétants qui s’accumulent
Et c’est justement ce contexte délétère qui a poussé Fitch à revoir sa copie. Si la note du pays reste pour l’instant inchangée, à « BB », l’agence s’inquiète des conséquences à long terme de cette crise sur l’économie géorgienne. « Les risques politiques devraient rester très élevés », a-t-elle averti, craignant qu’une « crise politique prolongée » ne finisse par « saper la confiance des investisseurs et de la population ».
Des signes inquiétants commencent d’ailleurs à s’accumuler. Selon nos informations, plusieurs entreprises étrangères envisageraient de geler leurs investissements dans le pays, le temps que la situation se clarifie. Une tendance qui, si elle se confirme, pourrait plomber la croissance géorgienne et fragiliser un peu plus le pays.
Une économie pour l’instant résiliente
Pourtant, jusqu’ici, l’économie géorgienne faisait preuve d’une certaine résilience. Avec une croissance de 10% sur les dix premiers mois de 2024, le pays semblait sur de bons rails. Fitch table d’ailleurs toujours sur une croissance de 8,7% cette année. Mais pour 2025, ses prévisions sont nettement moins optimistes, à 5,3%. La faute, notamment, aux incertitudes politiques qui pèsent sur le pays.
Quelles perspectives pour la Géorgie ?
Difficile, pour l’heure, de prédire comment la situation va évoluer en Géorgie. Une chose est sûre : le pays joue gros. Si la crise devait perdurer, c’est non seulement sa stabilité politique mais aussi son avenir économique qui pourraient être remis en question. Sans parler de ses rêves européens, qui semblent plus que jamais compromis.
Pour sortir de l’ornière, il faudra sans doute un sursaut de la classe politique géorgienne. Mais aussi, probablement, une médiation internationale pour apaiser les tensions et remettre le pays sur le chemin de la démocratie et de l’État de droit. Un défi de taille, alors que la Géorgie reste sous la menace constante de son encombrant voisin russe, qui rêve de la faire basculer à nouveau dans sa sphère d’influence.
Une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs pour l’avenir de ce petit pays du Caucase, pris en étau entre ses aspirations européennes et la pression de Moscou. Et la communauté internationale aura un rôle clé à jouer pour l’aider à naviguer dans ces eaux troubles. Car au-delà de la Géorgie, c’est la stabilité de toute une région qui est en jeu.