La Roumanie est sous le choc. Vendredi, la Cour Constitutionnelle a pris une décision sans précédent : annuler purement et simplement l’élection présidentielle qui devait voir s’affronter la centriste pro-européenne Elena Lasconi et le candidat nationaliste Calin Georgescu, arrivé en tête à la surprise générale au premier tour. En cause : de lourds soupçons d’ingérence russe en faveur de ce dernier, qui aurait bénéficié d’une campagne de désinformation massive orchestrée sur le réseau social TikTok.
Une Campagne TikTok Suspecte
Tout a commencé plus tôt dans la semaine, lorsque les services de renseignement roumains ont transmis au parquet des documents déclassifiés mettant en lumière le rôle trouble joué par TikTok durant la campagne. Selon ces rapports, un certain Bogdan Peshir aurait versé plus de 381 000 dollars aux internautes promouvant la candidature de Calin Georgescu sur le réseau social entre le 24 octobre et le 24 novembre. De quoi fausser complètement le jeu démocratique, selon la Cour Constitutionnelle qui a décidé d’annuler le scrutin.
Perquisitions et Enquête en Cours
Face à ces révélations explosives, le parquet et la police ont immédiatement lancé une vaste opération, menant dès samedi matin des perquisitions dans trois maisons de la ville de Brasov, d’où serait partie la campagne de désinformation. Corruption d’électeurs, blanchiment d’argent, falsification informatique… Les chefs d’accusation sont lourds et pourraient aussi concerner des violations de la loi sur l’interdiction des symboles fascistes, racistes et xénophobes.
Car Calin Georgescu, ancien haut fonctionnaire de 62 ans surgi de nulle part, ne cache pas son extrémisme. Critique de l’UE et de l’OTAN, il s’est encore prononcé vendredi pour un arrêt total de l’aide militaire à l’Ukraine. Dénonçant un « coup d’État » après l’annulation du scrutin, le candidat conspirationniste fait figure de cheval de Troie idéal pour les intérêts russes.
La Roumanie Sous le Choc
Le pays est désormais plongé dans l’incertitude, dans l’attente d’une nouvelle élection présidentielle dont la date reste à fixer. Le président sortant pro-européen Klaus Iohannis, qui a salué la décision de la Cour, reste pour l’heure en poste. Les États-Unis ont de leur côté appelé au respect du processus démocratique, tout en réaffirmant leur confiance dans les institutions roumaines.
Mais l’affaire est loin d’être terminée. Outre l’enquête sur l’ingérence russe présumée, les autorités ont révélé avoir détecté plus de 85 000 cyberattaques le jour même de l’élection, lancées depuis une trentaine de pays et exploitant les failles du système de vote. La démocratie roumaine, déjà fragile, saura-t-elle résister à ce déferlement ? L’avenir du pays pourrait en dépendre.
