Ce samedi, les Ghanéens se rendent aux urnes pour une élection présidentielle qui s’annonce palpitante. Selon les observateurs, le scrutin devrait être très serré entre les deux principaux candidats : le vice-président sortant et ancien banquier central Mahamudu Bawumia, du Nouveau parti patriotique (NPP), et l’ex-président John Mahama, du Congrès national démocratique (NDC), qui brigue un troisième mandat.
L’économie, au cœur des préoccupations
Dans ce pays considéré comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, l’économie a été le sujet majeur de la campagne. Le Ghana, premier producteur d’or du continent, sort progressivement d’une crise ayant nécessité un prêt de 3 milliards de dollars du FMI. Si l’inflation a reculé ces derniers mois, passant de 54% à environ 23%, de nombreux Ghanéens restent préoccupés par la hausse du coût de la vie et le chômage.
Bawumia joue la carte de la continuité
Mahamudu Bawumia, ancien vice-gouverneur de la Banque centrale, mise sur son expérience économique pour convaincre. Tout en se distançant des critiques sur la gestion du président sortant Nana Akufo-Addo, il souligne la nécessité de poursuivre les projets du gouvernement en termes de digitalisation, d’éducation gratuite et de santé. Son slogan « Break the 8 » évoque la volonté historique du NPP d’obtenir un 3ème mandat consécutif.
Je sais ce que je veux faire dès le premier jour de ma présidence. Donnez-moi la chance de transformer cette nation.
– Mahamudu Bawumia, lors d’un meeting de campagne à Accra
Mahama promet un nouveau départ
De son côté, John Mahama joue la carte du changement. Déjà président de 2012 à 2017, il propose de « réinitialiser » le Ghana avec une « économie 24h/24 », en étendant les horaires des industries pour créer des emplois. Il espère capitaliser sur la frustration des électeurs face aux résultats économiques, même si son précédent mandat avait été marqué par d’importantes coupures d’électricité.
Le nord du pays, une région clé
Les deux candidats étant originaires du nord, traditionnellement acquis au NDC mais aujourd’hui plus fragmenté, cette région s’annonce décisive. Selon un conseiller en communication politique, la campagne y a été particulièrement intense, reflétant un scrutin très disputé à l’échelle nationale.
L’orpaillage illégal et le jihadisme, autres enjeux majeurs
Au-delà de l’économie, l’orpaillage illégal, en hausse avec le cours de l’or, est devenu un sujet de préoccupation, de par ses impacts environnementaux et sociaux. La lutte contre ce fléau, que le gouvernement sortant n’a pas réussi à endiguer, figure parmi les promesses de campagne. Par ailleurs, bien que relativement épargné jusqu’ici, le Ghana fait face à une menace jihadiste croissante à ses frontières nord, comme ses voisins le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire.
Un modèle démocratique ouest-africain
Quoi qu’il en soit, ce scrutin présidentiel couplé à des législatives confirme la vitalité de la démocratie ghanéenne. Depuis 1992, le NDC et le NPP se succèdent de manière apaisée au pouvoir, faisant du pays une référence dans une région secouée par les coups d’État. Les bureaux de vote fermeront à 17h (heure locale et GMT), avec des résultats attendus d’ici mardi. Au terme d’une campagne électrique, les Ghanéens retiennent leur souffle, conscients de vivre un moment charnière de leur histoire.