Le décès brutal de Brian Thompson, PDG du géant américain de l’assurance santé UnitedHealthcare, a déclenché une vague de réactions sarcastiques et caustiques sur les réseaux sociaux. Cet évènement tragique a fait émerger au grand jour le ressentiment profond des Américains envers un système de santé perçu comme inéquitable et motivé par l’appât du gain.
Un déferlement de commentaires acerbes
Peu après l’annonce du meurtre de Brian Thompson en plein cœur de Manhattan mercredi matin, les réseaux sociaux ont été envahis de posts teintés d’ironie mordante. Twitter, Facebook, TikTok : sur toutes les plateformes, les internautes ont rivalisé de sarcasme en réaction à ce drame.
J’ai soumis une demande de prise en charge pour mes condoléances mais elle a été refusée, trop triste.
Un utilisateur de TikTok
Les messages déplorant avec dérision le refus de prise en charge de leurs « condoléances » voire de leurs « prières » par leur assurance santé, en référence aux fréquents rejets de remboursements, étaient légion. Sur Facebook, un post de condoléances d’UnitedHealthcare a reçu une avalanche de commentaires hilarants.
Des réactions à la limite du haineux
Mais au-delà de l’humour noir, certains messages allaient jusqu’à se réjouir ouvertement de ce meurtre, voire appelaient à d’autres actes de violence contre les dirigeants d’assurances santé. Selon la Network Contagion Research Institute qui étudie les comportements en ligne, ces publications extrêmes ont généré des millions de vues.
United a refusé de payer mes médicaments quand on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques. J’espère que sa famille va recevoir une facture.
Une internaute
Un système de santé à deux vitesses
Cette vague de réactions traduit le désaveu d’une large part de la population envers un système d’assurance santé privée jugé opaque et injuste. Malgré des réformes comme l’Obamacare, les disparités d’accès aux soins et les restes à charge élevés demeurent une réalité pour des millions d’Américains.
Avec 216 millions d’assurés, le secteur des complémentaires santé pèse 1300 milliards de dollars et dégage des profits faramineux, à l’image des 16 milliards de bénéfices et des 10 millions de dollars de rémunération empochés en 2023 par le patron d’UnitedHealthcare. Mais il est aussi critiqué pour ses refus fréquents de remboursements, avec des taux pouvant grimper jusqu’à 30% chez certains assureurs comme United.
Un ras-le-bol qui s’exprime avec virulence
Pour William Flanary, ophtalmologue connu pour ses vidéos satiriques sur TikTok, cette explosion de sarcasme autour du décès de B. Thompson illustre surtout un ras-le-bol généralisé face aux dysfonctionnements du système :
Toutes les blagues, tout le sarcasme à propos de la tuerie, c’est un mécanisme de défense pour une population qui se sent impuissante face à notre système de santé.
Dr. William Flanary, alias « Dr Glaucomflecken » sur TikTok
Si les autorités n’ont pas encore déterminé les motivations exactes du tireur, toujours en fuite, les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux quant à un possible règlement de comptes lié à un refus de prise en charge. Les mots « delay » (retarder) et « deny » (refuser), faisant écho aux pratiques décriées du secteur, auraient été retrouvés sur les lieux du drame.
Des réformes attendues mais incertaines
Ce crime sordide et le déferlement de réactions qu’il a provoqué mettent en lumière les fractures béantes du modèle d’assurance santé privée à l’américaine. Reste à voir si ce électrochoc médiatique saura faire bouger les lignes d’un système notoirement complexe à réformer tant les intérêts financiers en jeu sont colossaux. À l’heure où des millions d’Américains peinent toujours à se soigner correctement, le chemin vers un accès plus équitable à la santé semble encore pavé d’embûches.
Les regards se tournent désormais vers les autorités et les décideurs politiques. Sauront-ils saisir l’occasion de ce tragique fait divers pour remettre sur le métier ce chantier aussi crucial que sensible ? Ou ces appels à une réforme en profondeur resteront-ils lettres mortes comme souvent par le passé ? Dans un pays où la santé a un coût souvent exorbitant, l’avenir nous le dira.
