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Abou Mohammad al-Jolani, Chef Rebelle Radical et Pragmatique

De jihadiste radical à leader rebelle pragmatique, découvrez le parcours fascinant d'Abou Mohammad al-Jolani, chef de Hayat Tahrir al-Sham, qui tente de se présenter sous un jour plus modéré malgré un passé fondamentaliste. Une évolution stratégique qui soulève des questions sur ses véritables intentions...

Abou Mohammad al-Jolani, le chef de la puissante coalition rebelle syrienne Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a connu une évolution idéologique remarquable ces dernières années. Autrefois connu pour son discours fondamentaliste radical, il adopte désormais un ton plus modéré et pragmatique dans sa quête affichée de renverser le régime du président Bachar al-Assad. Mais ce changement est-il sincère ou purement stratégique ?

De la radicalité au pragmatisme

Le parcours d’al-Jolani illustre les complexités de l’islamisme politique dans le contexte de la guerre civile syrienne. Ancien membre d’Al-Qaïda en Irak, il a fondé le Front al-Nosra en Syrie après le début du soulèvement contre Assad en 2011. Connu initialement pour son idéologie jihadiste radicale, il a progressivement modéré son discours après avoir rompu avec Al-Qaïda en 2016 et formé HTS.

Comme l’explique Thomas Pierret, chercheur au CNRS et spécialiste de l’islamisme en Syrie, al-Jolani est passé par une phase de radicalité extrême vers 2014 pour s’imposer face aux franges les plus dures de la rébellion et du groupe État islamique, avant d’adopter une rhétorique plus mesurée par la suite. Un « pragmatisme radical » visant à se rendre plus acceptable.

En 2014, il a été au sommet de sa radicalité pour s’imposer face à la frange radicale de la rébellion et de l’organisation État islamique, pour ensuite modérer ses propos.

Thomas Pierret, chercheur au CNRS

Contrôle de la province d’Idleb

Depuis deux ans, HTS contrôle la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie. Selon des habitants, des proches de détenus et des défenseurs des droits humains, le groupe y aurait commis des exactions s’apparentant à des crimes de guerre selon l’ONU, ce qui a provoqué des manifestations ces derniers mois. Mais al-Jolani tente de rassurer, multipliant les gestes envers les chrétiens de la région.

Rassurer la communauté internationale

Après la récente offensive de HTS qui a permis de chasser le régime de villes clés, al-Jolani a cherché à apaiser les craintes. Il a appelé ses combattants à préserver la sécurité des zones « libérées » et s’est offert un bain de foule à la citadelle d’Alep, tentant de se présenter comme un acteur responsable. Une posture qui soulève des doutes chez certains analystes.

Moins les Syriens et la communauté internationale auront peur, plus Jolani apparaîtra comme un acteur responsable plutôt que comme un extrémiste jihadiste toxique et plus sa tâche sera facile.

Aron Lund, chercheur spécialiste de la Syrie

Pour Aron Lund, il s’agit surtout d’une « bonne politique » de la part d’al-Jolani. Issu d’une tradition fondamentaliste très dure, son évolution serait avant tout une stratégie intelligente plutôt qu’une conversion idéologique sincère. Une façon de faciliter son objectif de renverser Assad en rendant son groupe plus acceptable.

Un avenir politique pour al-Jolani ?

Certains voient en al-Jolani un potentiel « homme d’État en devenir », optant pour le « gant de velours dans une main de fer ». Mais son passé jihadiste et les accusations de crimes qui pèsent contre HTS jettent une ombre sur ses réelles intentions. Son évolution reflète-t-elle une modération durable ou un opportunisme passager ?

Seul l’avenir le dira, mais une chose est sûre : dans le chaos de la guerre civile syrienne, Abou Mohammad al-Jolani est devenu un acteur incontournable dont les actions et les paroles sont scrutées de près. Entre radicalisme et pragmatisme, ses choix auront un impact majeur sur le devenir de la Syrie.

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