La France traverse une crise politique sans précédent. Après l’adoption d’une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier mercredi dernier, le pays se retrouve sans budget et sans premier ministre. Une situation inédite sous la Ve République qui plonge le pays dans l’incertitude.
Un Premier ministre démissionnaire, un pays dans l’impasse
Suite à la censure de son gouvernement par l’Assemblée nationale, Michel Barnier a présenté sa démission à Emmanuel Macron. Nommé il y a seulement quelques mois pour tenter de sortir le pays de l’ornière, l’ancien commissaire européen n’aura pas réussi sa mission. Il laisse un pays sans budget et profondément divisé.
Le chef de l’État doit maintenant s’atteler à une tâche des plus périlleuses : nommer un nouveau Premier ministre capable d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Un véritable casse-tête au vu des trois blocs irréconciliables qui occupent l’hémicycle. Une situation inextricable que le président a lui-même provoquée en dissolvant l’Assemblée en juin dernier.
Une censure inédite sous la Ve République
Pour Nicolas Rousselier, professeur à Sciences Po, cette deuxième censure d’un gouvernement sous la Ve République revêt un caractère inédit :
Pendant très longtemps, la chute d’un gouvernement apparaissait comme un moment d’ajustement pour retrouver une majorité. Aujourd’hui, elle semble au contraire révéler une crise durable, l’impossibilité de dégager une majorité stable.
Un avenir politique incertain
Après cet épisode, l’avenir politique s’annonce des plus incertains. Plusieurs scénarios sont sur la table pour tenter de sortir de l’impasse :
- Un gouvernement d’union nationale
- Un gouvernement de technocrates
- La convocation de nouvelles élections législatives
- Une réforme institutionnelle d’ampleur
Mais aucune de ces options ne fait consensus à ce stade. Les partis restent arc-boutés sur leurs positions et semblent incapables de dépasser leurs clivages pour oeuvrer dans l’intérêt général. Une attitude qui exaspère de plus en plus les Français, déjà durement éprouvés par des mois de crises à répétition.
La colère gronde dans le pays
Dans ce contexte, la colère monte au sein de la population. Beaucoup ne comprennent pas les blocages à répétition au sommet de l’État alors que le pays traverse une période si difficile. Certains appellent à descendre dans la rue pour mettre la pression sur le gouvernement et les parlementaires.
Les politiques se déchirent pendant qu’on n’arrive plus à boucler nos fins de mois. Ça ne peut plus durer, il va falloir qu’ils se bougent!
Une manifestante en colère
Face à la grogne qui s’étend, Emmanuel Macron joue son va-tout. Lui qui projetait initialement de lancer de grands chantiers pour dynamiser son second mandat se retrouve à devoir colmater les brèches pour éviter que le navire France ne sombre. Réussira-t-il son pari? Rien n’est moins sûr tant sa marge de manoeuvre s’est réduite.
Un pays au bord de la rupture
Plus que jamais, la France apparaît au bord de la rupture, minée par des fractures politiques et sociales béantes. Dans ce pays historiquement prompt à la révolte, cette nouvelle crise fait resurgir le spectre des grands mouvements sociaux ayant ébranlé le pays par le passé.
À moins d’un sursaut salutaire, cette énième secousse pourrait être celle de trop pour des institutions déjà fragilisées et une population à bout de nerfs. Le sort du pays semble suspendu aux décisions que s’apprête à prendre le président dans les prochains jours. Des décisions lourdes de conséquences qui détermineront la capacité de la France à surmonter cette tempête politique d’une rare intensité.