Un calme tendu règne sur Damas alors que les rebelles syriens, menés par des islamistes radicaux, poursuivent leur fulgurante progression vers la capitale. Depuis leur offensive éclair lancée le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie, qui leur a permis de conquérir plusieurs villes stratégiques comme Alep et Hama, l’incertitude s’est emparée des habitants.
« On ne comprend plus rien. En à peine une semaine, les rebondissements ont été tels qu’ils dépassent tout entendement », confie Chadi, un étudiant damascène qui préfère taire son nom de famille. Comme beaucoup, il a choisi de rester chez lui, entouré des siens, pour suivre fébrilement l’évolution de la situation. Son téléphone ne cesse de sonner pour l’avertir des derniers développements, amplifiant l’inquiétude ambiante.
Une ville au bord de la panique
Si l’armée gouvernementale a lancé une contre-offensive pour endiguer l’avancée rebelle, la nervosité est palpable dans les rues de la capitale syrienne. Des rumeurs contradictoires et des fausses nouvelles se propagent comme une traînée de poudre, suscitant la panique chez certains habitants qui se ruent dans les épiceries pour faire des stocks de nourriture.
A chaque fois que les rumeurs se répandent, les gens se ruent sur divers produits, pain, riz, sucre et détergents.
Amine, épicier damascène
En quelques jours seulement, les prix des produits de base ont flambé de 30% selon des témoins, tandis que le dollar s’échangeait à un taux record de 19 000 livres syriennes, contre 15 000 avant l’offensive. Dans le même temps, les contrôles de sécurité se sont intensifiés aux barrages des forces loyalistes, notamment pour les véhicules venant de l’extérieur de la ville.
Une vie en suspens
Face aux incertitudes, de nombreux aspects de la vie quotidienne sont chamboulés à Damas. L’université a reporté sine die des examens, tandis que la fédération de football a suspendu des matches. Même les fameux cafés et restaurants du quartier de Bab Charki tournent au ralenti, certains préférant baisser le rideau plus tôt devant le manque de clients.
Malgré les appels au calme des imams lors de la grande prière du vendredi, et les démentis du gouvernement sur la progression rebelle, l’inquiétude demeure. « Je me suis rendue dans le vieux Damas et j’ai observé une situation normale », témoigne Georgina, 32 ans. « Mais tout le monde garde une oreille sur les nouvelles. » Une vigilance de tous les instants, symptomatique de l’incertitude qui règne sur la capitale syrienne, suspendue aux avancées des combats.