La province syrienne de Deir Ezzor est le théâtre de développements majeurs qui viennent bousculer le fragile équilibre des forces dans la région. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les troupes gouvernementales se sont retirées vendredi des secteurs qu’elles contrôlaient, face à l’avancée des forces dirigées par les Kurdes.
Un retrait soudain qui soulève des questions
D’après le directeur de l’ONG, Rami Abdel Rahmane, les forces syriennes et leurs alliés soutenus par l’Iran ont « complètement » quitté les zones sous leur contrôle dans la province, laissant le champ libre aux forces kurdes qui progressent vers ces secteurs stratégiques. Ce retrait aussi rapide qu’inattendu soulève de nombreuses interrogations sur les motivations réelles derrière cette décision et ses potentielles répercussions.
Les forces kurdes s’emparent du terrain
Profitant de ce vide soudain, les forces kurdes syriennes, qui contrôlaient déjà une grande partie du nord-est du pays, ont annoncé leur déploiement dans plusieurs secteurs de l’est. Le conseil militaire de Deir Ezzor, affilié aux Forces démocratiques syriennes (FDS) à dominante kurde, a déclaré avoir positionné ses combattants dans la ville même de Deir Ezzor ainsi qu’à l’ouest de l’Euphrate pour « protéger le peuple ».
La province de Deir Ezzor est désormais divisée entre les forces kurdes à l’est de l’Euphrate et les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés à l’ouest.
– Un analyste proche du dossier
L’influence iranienne en question
La ville de Deir Ezzor constitue un point névralgique où sont présents des conseillers iraniens depuis le début du conflit syrien en 2011. Elle abrite également des institutions, des écoles et un centre culturel iraniens. La partie ouest, près de la frontière irakienne, sert de plaque tournante pour les milices pro-iraniennes, dont des combattants irakiens. Le retrait des forces gouvernementales de ces zones soulève donc la question de l’avenir de la présence et de l’influence iranienne dans la région.
Agitation croissante dans le sud de la Syrie
Parallèlement à ces développements, le sud de la Syrie connaît une agitation grandissante. Des groupes armés ont pris le contrôle du poste frontalier clé de Nassib avec la Jordanie dans la province de Deraa, peu après l’annonce par Amman de sa fermeture. À Deraa même, ancien berceau de la révolte contre le président Bachar al-Assad, des combattants locaux se sont emparés d’un poste de police et d’un service de renseignement de l’armée de l’air.
Malgré un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie en 2018, la province reste en proie à des troubles récurrents :
- Attaques et affrontements armés réguliers
- Assassinats, dont certains revendiqués par l’État islamique
- Manifestations sporadiques contre la détérioration des conditions de vie
Selon un militant local s’exprimant sous couvert d’anonymat, des groupes armés de la région se rassemblent et prévoient d’annoncer une « opération conjointe » dont les contours restent encore flous. Des rassemblements antigouvernementaux ont également été signalés dans certaines zones de la province vendredi.
Une situation complexe et instable
Les derniers développements en Syrie, avec le retrait des forces gouvernementales de Deir Ezzor et l’agitation croissante dans le sud, illustrent la complexité et l’instabilité persistantes de la situation dans le pays. Le vide laissé par le départ des troupes syriennes et l’avancée des forces kurdes risquent de modifier les équilibres régionaux et d’exacerber les tensions.
L’avenir de la présence iranienne, le rôle de la Russie, principal allié de Damas, ainsi que la capacité du gouvernement syrien à maintenir son contrôle sur ces zones stratégiques sont autant de questions qui restent en suspens. Les prochains jours seront décisifs pour comprendre les implications de ces bouleversements et leurs potentielles répercussions sur l’évolution du conflit syrien et la stabilité régionale.