Une scène chargée de symboles s’est déroulée récemment dans la ville syrienne de Hama. Après l’entrée de rebelles menés par des groupes islamistes radicaux, la population locale a renversé une imposante statue de l’ancien président Hafez al-Assad, père de l’actuel dirigeant Bachar al-Assad. Des images saisissantes qui font écho à un autre événement marquant de l’histoire récente.
La chute d’un symbole du pouvoir Assad
Selon des sources proches du terrain, une foule en liesse s’est rassemblée autour de la statue de l’ex-président défunt Hafez al-Assad peu après la prise de contrôle de Hama par les forces rebelles. À l’aide d’une machine dotée d’un long bras mécanique, les habitants ont mis à terre ce monument incarnant depuis des décennies la mainmise du clan Assad, de confession alaouite, sur la Syrie.
Tandis que la statue vacillait sous la pression, la foule scandait « Allah Akbar » et célébrait par des tirs en l’air. Une fois au sol, la tête de la sculpture a été traînée dans les rues de la cité, tel un trophée. Des scènes de joie qui traduisent le soulagement d’une partie de la population après des années de conflit.
Un parallèle frappant avec l’Irak de Saddam Hussein
Difficile de ne pas faire le rapprochement avec un autre moment historique : le 9 avril 2003 à Bagdad, en Irak. Ce jour-là, une statue de l’ancien dictateur Saddam Hussein avait été mise à bas par un char américain sur la place Al-Fardous, puis piétinée par des Irakiens en colère. Un symbole fort de la chute du régime après l’invasion menée par les États-Unis.
Si les contextes diffèrent, la portée symbolique reste la même. En Syrie comme en Irak, renverser les effigies des dirigeants déchus cristallise la volonté d’une partie de la population de tourner définitivement la page d’une ère de répression et d’autoritarisme. Le parallèle met aussi en lumière la fragilité des pouvoirs en place, qui peuvent s’effondrer brutalement malgré des décennies de contrôle absolu.
Hama, étape cruciale dans l’offensive rebelle
La prise de Hama par les rebelles constitue indéniablement un tournant dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. Située à un carrefour stratégique entre Alep au nord, et Homs et Damas au sud, cette ville était jusqu’alors un verrou pour le régime de Bachar al-Assad. Sa chute ouvre la voie vers la capitale aux forces d’opposition.
L’offensive éclair, lancée le 27 novembre dernier par une coalition dominée par le groupe radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a permis des gains territoriaux spectaculaires en quelques jours à peine. Les insurgés contrôlent désormais de vastes portions du nord du pays, et pour la première fois une grande partie d’Alep échappe à Damas.
La statue renversée d’Hafez al-Assad à Hama restera dans les mémoires. Au-delà de l’aspect symbolique, elle incarne un basculement dans le rapport de force sur le terrain.
Une source diplomatique occidentale.
L’armée syrienne contre-attaque, la bataille de Hama n’est pas finie
Le régime syrien n’a cependant pas dit son dernier mot. Après le choc initial, les troupes fidèles à Bachar al-Assad tentent de reprendre le terrain perdu. De violents combats sont en cours en périphérie de Hama pour tenter d’étouffer la rébellion dans l’œuf. L’aviation syrienne pilonne massivement la région.
Les pertes sont lourdes des deux côtés. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le bilan provisoire des affrontements qui durent depuis plus d’une semaine s’élève à 826 morts dont 111 civils, et près de 280 000 déplacés d’après l’ONU. Malgré l’ampleur des destructions, les rebelles assurent qu’ils ne lâcheront pas Hama, devenue en quelques jours le symbole de leur lutte.
Un espoir pour les opposants, un défi pour la communauté internationale
Pour une partie de la population syrienne qui conteste le régime Assad depuis des années, la chute de Hama et de la statue sonne comme une revanche. Dans les quartiers aux mains des insurgés, on fête ce qui est vécu comme une libération. Les combattants d’HTS promettent de continuer le combat jusqu’à Damas et la libération des détenus.
Du côté de la communauté internationale, c’est l’inquiétude qui prévaut. La progression fulgurante des forces rebelles à dominante islamiste radicale bouleverse une fois de plus la donne géopolitique. Les chancelleries occidentales redoutent de voir la Syrie sombrer dans le chaos et devenir un foyer djihadiste aux portes de l’Europe.
Une chose est sûre, le retentissement des images de la statue d’Hafez al-Assad mise à terre dépasse largement les frontières de Hama. Ce coup de tonnerre médiatique incarne un potentiel changement de paradigme dans un conflit qui n’en finit pas. Il faudra cependant attendre pour mesurer les conséquences réelles de cet épisode symbolique sur le devenir de la Syrie et de la région.