Alors que le gouvernement est absent suite à sa censure et que l’accord de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur semble sur le point d’aboutir, le monde agricole français est en ébullition. Les syndicats d’agriculteurs, menés par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, annoncent une mobilisation qui va se durcir dans les prochains jours pour défendre leurs revenus et s’opposer au traité Mercosur qu’ils jugent néfaste.
Une colère qui monte face aux promesses non tenues
Mobilisés depuis le 18 novembre dernier, les agriculteurs dénoncent pêle-mêle le traité de libre-échange avec le Mercosur, la faiblesse de leurs revenus et les tracasseries administratives. Mais c’est surtout l’absence de gouvernement et donc de concrétisation des promesses qui leur avaient été faites qui mettent aujourd’hui le feu aux poudres.
En effet, les mesures prévues pour soulager les agriculteurs comme les allègements fiscaux, la baisse du coût du travail des saisonniers ou encore l’annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricole sont aujourd’hui bloquées par la censure du gouvernement et l’absence de budget voté. Une situation intenable pour la profession.
Mercosur: la goutte d’eau qui fait déborder le vase
Mais plus que tout, c’est la possible signature imminente de l’accord de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) qui inquiète les syndicats agricoles. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau qualifie même ce combat de « combat existentiel » pour l’agriculture française.
Avec la censure et Von der Leyen partie en Uruguay dans le but de conclure l’accord, les actions vont évoluer, se durcir.
Selon un responsable des Jeunes Agriculteurs
Et ce malgré l’opposition de la France, de la Pologne et de l’Italie à toute ratification de cet accord très contesté. Une opposition qui ne semble pas faire le poids face à la volonté de la Commission Européenne d’avancer coûte que coûte sur ce dossier brûlant.
Des actions syndicales qui vont s’intensifier
Face à cette situation, les syndicats agricoles comptent bien passer à la vitesse supérieure. Alors qu’un 3ème round de mobilisation devait initialement se focaliser sur les revenus les 9 et 10 décembre, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs élargissent leur champ d’action.
- Visites de grandes surfaces pour dénoncer les prix trop bas et contrôler l’origine des produits
- Rencontre de tous les députés pour leur « demander des comptes » sur les promesses non tenues
- Recherche de solutions pour mettre en œuvre les mesures promises malgré le blocage budgétaire
Autant d’actions coup de poing qui risquent de mettre une pression maximale sur le monde politique, en pleines tractations pour former un nouveau gouvernement. Les agriculteurs entendent bien se faire entendre et obtenir des réponses concrètes à leurs demandes.
L’agriculture française face à des défis majeurs
Cette mobilisation met en lumière la situation délicate dans laquelle se trouve l’agriculture française aujourd’hui. Prise en étau entre une concurrence internationale toujours plus féroce, des normes environnementales et sanitaires de plus en plus strictes, et des consommateurs en quête du prix le plus bas, la profession peine à dégager des revenus décents.
Pour beaucoup d’agriculteurs, les accords de libre-échange comme celui du Mercosur sont vécus comme une menace existentielle, favorisant les importations de produits ne répondant pas aux mêmes standards de production. Une concurrence déloyale contre laquelle ils entendent bien se battre.
Mais au-delà, c’est tout un modèle agricole qui est questionné. Entre agro-écologie et agriculture intensive, circuits courts et mondialisation, les choix qui seront faits dans les années à venir détermineront l’avenir de notre alimentation et de nos campagnes. Des choix cruciaux dans lesquels les agriculteurs entendent peser de tout leur poids.
Un bras de fer qui ne fait que commencer
Une chose est sûre, le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats agricoles ne fait que commencer. Dans un contexte social déjà tendu, marqué par la contestation de la réforme des retraites et la crise du pouvoir d’achat, ce nouveau front social est un casse-tête de plus pour l’exécutif.
Reste à savoir quelle sera la réponse des pouvoirs publics face à cette mobilisation qui s’annonce déterminée et potentiellement longue. Négociation, répression, temporisation ? Le gouvernement, une fois formé, devra rapidement choisir sa stratégie face à cette fronde qui risque de prendre de l’ampleur.
En attendant, les agriculteurs ne désarment pas et se préparent pour une mobilisation massive, déterminés à défendre leur survie et l’avenir de l’agriculture française. Une lutte vitale à leurs yeux, qui pourrait bien bousculer l’agenda politique des prochaines semaines voire des prochains mois…