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Grève Historique dans l’Industrie du Jeu Vidéo Français

Coup de tonnerre dans l'industrie du jeu vidéo français : les syndicats d'Ubisoft et Don't Nod appellent à une grève nationale historique. Face aux plans de licenciements massifs et à la dégradation des conditions de travail, les salariés se mobilisent pour défendre l'avenir de leur secteur. Quelles seront les conséquences de ce mouvement social inédit ?

L’industrie du jeu vidéo français traverse une période de turbulences sans précédent. Alors que deux poids lourds du secteur, Ubisoft et Don’t Nod, font face à de graves difficultés financières, les syndicats montent au créneau. Dans un communiqué publié vendredi, ils ont appelé l’ensemble des travailleurs du jeu vidéo à une grève nationale le 12 décembre prochain. Une mobilisation historique qui témoigne du malaise grandissant au sein de cette industrie florissante, mais fragile.

Ubisoft et Don’t Nod dans la tourmente

Les deux studios français, connus pour leurs franchises à succès comme Assassin’s Creed ou Life is Strange, traversent une passe difficile. Ubisoft a annoncé cette semaine la fermeture prochaine des serveurs de son jeu en ligne XDefiant, lancé il y a seulement six mois. Un échec cuisant qui s’accompagne de la suppression de 277 postes aux États-Unis, au Japon et en Australie. De son côté, Don’t Nod envisage de se séparer de 69 employés en France dans le cadre d’un projet de réorganisation, selon des sources proches du dossier.

Des plans sociaux qui passent mal

Pour les syndicats, ces plans de licenciements sont inacceptables. Pierre-Etienne Marx, délégué STJV chez Ubisoft Paris, dénonce un manque de dialogue social et réclame l’arrêt immédiat de tous les plans en cours.

Le plan de licenciement annoncé à Don’t Nod cet automne n’est que le résultat d’une direction qui n’a pas cessé de refuser d’écouter les travailleurs et travailleuses, de prendre ses responsabilités et d’agir en conséquence.

Communiqué du STJV

Les salariés d’Ubisoft ont déjà fait grève à deux reprises cette année, mobilisant près d’un quart des effectifs français lors du dernier mouvement en septembre. Mais cette fois, les syndicats veulent frapper plus fort en appelant tous les travailleurs du jeu vidéo à cesser le travail.

L’avenir du jeu vidéo français en jeu

Au-delà du cas de ces deux studios, c’est tout le modèle de l’industrie vidéoludique française qui est remis en question. Malgré une croissance spectaculaire ces dernières années, le secteur reste structurellement fragile, soumis aux aléas d’un marché ultra-concurrentiel et gourmand en investissements.

Pour les syndicats, il est urgent de repenser le fonctionnement de cette industrie pour garantir sa pérennité et protéger les emplois. Parmi leurs revendications :

  • Un meilleur encadrement des conditions de travail, avec notamment une limitation du recours aux contrats précaires et aux heures supplémentaires.
  • Une plus grande transparence sur les décisions stratégiques des entreprises et une meilleure association des salariés à ces choix.
  • Des garanties sur le maintien des emplois et des sites en France.

Des demandes qui font écho aux préoccupations exprimées dans d’autres secteurs de l’économie française, confrontés eux aussi aux défis de la mondialisation et de la transition numérique.

Une mobilisation à hauts risques

Reste à savoir quel sera l’impact de cette grève sur une industrie déjà fragilisée. Si la mobilisation est très suivie, elle pourrait mettre en difficulté de nombreux studios et projets, dans un secteur où les délais sont crucials. Un coup d’arrêt qui risque de fragiliser encore davantage les entreprises françaises face à leurs concurrents étrangers.

Mais pour les syndicats, il en va de la survie à long terme d’une filière stratégique pour l’économie tricolore, qui emploie près de 5000 personnes et génère plus de 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires chaque année. Un fleuron du savoir-faire français qu’il faut absolument préserver, quitte à bousculer le statu quo.

Tous les regards seront donc tournés vers les studios français le 12 décembre prochain. Cette grève sera-t-elle le électrochoc salutaire pour transformer durablement l’industrie du jeu vidéo ? Ou au contraire le coup de grâce pour un secteur déjà en crise ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : dans le petit monde feutré du gaming français, plus rien ne sera comme avant après ce mouvement social sans précédent.

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