Alors que le gouvernement vient de chuter suite à une motion de censure surprise, Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur, sort du silence. Dans un entretien exclusif, il dévoile sa stratégie pour contrer ce qu’il qualifie de « programme délirant » du NFP et plaide pour une personnalité de droite à Matignon.
Un « cadre rationnel » rompu
Pour Bruno Retailleau, cette crise marque une rupture : « Jusqu’au bout, j’ai cru que nous resterions dans un cadre rationnel. Qui aurait pu imaginer que le RN mêle ses voix aux Insoumis ? » s’interroge-t-il. Le ministre pointe du doigt ce qu’il considère comme une dérive idéologique de LFI, « qui vise le chaos » et s’avère « contagieuse ».
Contrairement au RN qu’il accuse de s’être « soumis aux Insoumis », Bruno Retailleau assure qu’il ne cédera pas. Une position ferme, alors même que la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron reste une option sur la table.
Une « faute originelle » selon Retailleau
Mais pour le ministre démissionnaire, le mal est plus profond. Il pointe du doigt la « faute originelle » de cette crise : la dissolution de l’Assemblée décidée par Emmanuel Macron après les législatives. Une décision qu’il avait jugée « inexplicable » à l’époque et qui aurait, selon lui, ouvert la voie au « chaos politique » actuel.
Penser un seul instant qu’une motion de censure puisse entraîner la démission du président est absurde sur le plan constitutionnel et dangereux sur le plan politique.
Bruno Retailleau
Un gouvernement de droite pour sortir de la crise ?
Malgré la chute du gouvernement, Bruno Retailleau se veut combatif. Il plaide pour la nomination d’une personnalité de droite à Matignon, seule à même selon lui de rassembler une majorité à l’Assemblée. Une ligne politique qu’il entend bien défendre, quitte à censurer « n’importe quel premier ministre qui voudrait appliquer tout ou partie du programme délirant du NFP ».
Le ministre ne ferme pas non plus la porte à un soutien du groupe RN, à condition que celui-ci ne se range pas derrière les Insoumis. Une main tendue qui risque de faire grincer des dents dans son propre camp, alors que LR peine à clarifier sa ligne depuis sa débâcle aux législatives.
Quelle suite pour Bruno Retailleau ?
En attendant, l’ancien ministre de l’Intérieur affûte ses armes. S’il n’a pas encore officialisé ses ambitions pour Matignon, il multiplie les prises de parole et occupe le terrain médiatique. Une stratégie payante, si l’on en croit les sondages qui le placent en tête des personnalités de droite.
Reste à savoir si cela suffira pour s’imposer dans cette crise politique inédite sous la Ve République. Entre un président affaibli, une Assemblée ingouvernable et des oppositions déterminées à en découdre, Bruno Retailleau aura fort à faire pour sortir son épingle du jeu. Mais ce fin stratège semble déterminé à jouer son va-tout.