La Corée du Sud traverse une crise politique sans précédent. Le président Yoon Suk Yeol, élu il y a moins d’un an, se retrouve au bord de la destitution après une tentative désespérée d’imposer la loi martiale dans le pays. Un coup de force qui s’est heurté à une vive résistance du Parlement et qui a fini par se retourner contre lui.
Un président lâché par son propre camp
Le coup de grâce est venu de son propre parti, le Parti du Pouvoir au Peuple (PPP). Alors qu’il lui avait initialement apporté son soutien, le chef du PPP Han Dong-hoon a fait volte-face ce vendredi, estimant que le président faisait courir « un grand danger » au pays.
Si M. Yoon reste à son poste, il existe un risque important que des actions extrêmes similaires à la déclaration de la loi martiale soient répétées, ce qui pourrait mettre la République de Corée et ses citoyens en grand danger.
Han Dong-hoon, chef du Parti du Pouvoir au Peuple
M. Han affirme même détenir des preuves que le président avait ordonné l’arrestation de dirigeants de l’opposition lors de sa tentative avortée d’instaurer la loi martiale. Des révélations explosives qui ont achevé de retourner l’opinion contre Yoon Suk Yeol.
Un vote de destitution imminent
Face à cette fronde, même dans son camp, la destitution du président apparaît désormais inéluctable. Le Parlement doit se prononcer ce samedi sur une motion en ce sens, qui nécessite une majorité des deux-tiers pour être adoptée.
Avec la défection annoncée d’une partie des députés du PPP, l’opposition devrait sans difficulté atteindre ce seuil. Si la motion est votée, Yoon Suk Yeol sera immédiatement suspendu de ses fonctions, dans l’attente d’une validation par la Cour constitutionnelle.
Un président déjà très impopulaire
Cette crise intervient alors que la cote de popularité de Yoon Suk Yeol avait déjà atteint des profondeurs abyssales, à seulement 13 % d’opinions favorables selon un sondage publié ce vendredi. Son passage en force pour imposer la loi martiale, en prétextant une menace de la Corée du Nord, a été perçu par beaucoup comme un abus de pouvoir inacceptable.
Depuis l’annonce de la loi martiale mardi soir, des milliers de Sud-Coréens manifestent chaque jour pour réclamer le départ du président. La pression populaire, ajoutée à la fronde parlementaire, laisse peu de chances à Yoon Suk Yeol d’échapper à une destitution express, à peine un an après son élection.
Une crise politique inédite
Cette affaire plonge la Corée du Sud dans une crise institutionnelle d’une ampleur inédite. Jamais, depuis l’instauration de la démocratie dans le pays il y a une trentaine d’années, un président n’avait été menacé aussi directement et rapidement de destitution.
Si Yoon Suk Yeol venait effectivement à être démis de ses fonctions, de nouvelles élections présidentielles devraient être organisées dans les 60 jours. Une perspective qui risque de prolonger l’instabilité politique dans ce pays clé d’Asie du Nord-Est, confronté à la menace nucléaire nord-coréenne.
Cette crise démontre en tout cas la solidité des contre-pouvoirs démocratiques en Corée du Sud, capables de s’opposer aux dérives d’un président impopulaire. Reste à savoir si le pays parviendra à retrouver rapidement une stabilité politique, après cette séquence aussi intense que périlleuse pour sa jeune démocratie.