C’est une nomination qui n’est pas passée inaperçue à Washington. Quelques semaines seulement après son investiture, le président Donald Trump a annoncé la désignation de David Sacks, entrepreneur de la Silicon Valley et proche d’Elon Musk, au poste nouvellement créé de conseiller spécial de la Maison Blanche pour l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies. Un choix surprenant qui soulève de nombreuses interrogations sur la direction que prendra l’administration Trump dans ces domaines technologiques clés.
Un entrepreneur de la tech proche d’Elon Musk
Âgé de 52 ans, David Sacks n’est pas un inconnu dans la Silicon Valley. Cet entrepreneur à succès s’est d’abord fait connaître en cofondant PayPal au début des années 2000 aux côtés d’Elon Musk et Peter Thiel. Une aventure qui lui a permis de tisser des liens étroits avec ces deux figures emblématiques de la tech. Par la suite, David Sacks a notamment dirigé Yammer, un réseau social d’entreprise racheté par Microsoft pour 1,2 milliard de dollars en 2012.
Plus récemment, il s’est illustré comme un fervent supporter de Donald Trump lors de la campagne présidentielle de 2024. Il a non seulement organisé une levée de fonds pour le candidat républicain, mais il est aussi intervenu lors de la convention du parti pour vanter les mérites de l’ancien président sur les questions technologiques.
Les nouvelles priorités de la Maison Blanche
En nommant David Sacks, Donald Trump envoie un message clair : l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies seront des priorités de son second mandat. Deux sujets sur lesquels son administration avait jusque-là envoyé des signaux contradictoires, oscillant entre méfiance et fascination.
Concernant l’IA, Donald Trump avait notamment signé en 2021 un décret visant à assouplir la réglementation sur le sujet afin d’accélérer l’innovation. Mais il s’était aussi inquiété publiquement des risques liés au développement d’une « IA super intelligente ». Sur les cryptomonnaies, après les avoir qualifiées d' »escroquerie » durant son premier mandat, il avait opéré un virage à 180 degrés pendant la campagne. Se présentant comme un défenseur de l’industrie, il avait même affirmé vouloir faire des États-Unis « le leader mondial des cryptos ».
Je suis heureux d’annoncer que David O. Sacks sera le « tzar de la crypto et de l’IA de la Maison-Blanche », deux domaines essentiels pour l’avenir de la compétitivité américaine.
— Donald Trump, sur son compte Truth Social
Définir un nouveau cadre réglementaire
Selon le communiqué de la Maison Blanche, la mission de David Sacks sera justement de définir une nouvelle approche réglementaire sur ces questions. « Il travaillera sur un cadre juridique afin que l’industrie de la cryptomonnaie bénéficie de la clarté qu’elle demande et puisse prospérer aux États-Unis », a précisé Donald Trump. L’objectif affiché est de favoriser l’innovation américaine dans ces technologies, tout en protégeant les citoyens et les investisseurs.
Reste que la nomination d’un proche de la tech à un poste aussi stratégique ne manquera pas de soulever des interrogations. Certains observateurs craignent notamment de potentiels conflits d’intérêts, David Sacks ayant des liens étroits avec de nombreuses entreprises du secteur. La Maison Blanche assure de son côté que toutes les procédures déontologiques seront respectées à la lettre.
D’autres priorités tech pour la Maison Blanche
Au-delà de l’IA et des cryptos, David Sacks devra aussi plancher sur d’autres dossiers tech brûlants pour la Maison Blanche, à commencer par la liberté d’expression en ligne. Un sujet explosif, sur lequel Donald Trump promet de s’attaquer à la « censure » pratiquée selon lui par les géants du Web. L’ancien président, qui reste banni de Twitter et Facebook depuis les violences du Capitole, avait fait de ce combat un axe majeur de sa campagne.
La question de la régulation des réseaux sociaux et de leur responsabilité éditoriale devrait donc occuper une bonne place dans l’agenda du nouveau conseiller. Tout comme la protection des données personnelles, sujet sur lequel l’administration Trump pourrait chercher à assouplir certaines règles afin de favoriser l’innovation dans des domaines comme la publicité ciblée ou la santé connectée.
Enfin, David Sacks devrait aussi être impliqué dans les négociations commerciales de la Maison Blanche, notamment vis-à-vis de la Chine. Un dossier sur lequel l’administration Trump entend défendre avec fermeté les intérêts des entreprises technologiques américaines face à la montée en puissance de leurs rivales chinoises.
Une feuille de route attendue
Pour l’heure, la feuille de route précise de David Sacks à la Maison Blanche n’est pas encore connue. Une source proche du dossier confie qu’il « prendra le temps d’étudier en profondeur les enjeux avant de faire des annonces ». Ses premières semaines à Washington devraient donc être consacrées à une série de rencontres et de consultations avec les différents acteurs de l’écosystème.
Nul doute en tout cas que les prises de position de ce nouveau « Monsieur Tech » de la Maison Blanche seront scrutées de près, alors que les débats font rage sur la nécessité de réguler davantage des secteurs en pleine ébullition. Entre défense de l’innovation, protection des citoyens et rivalité géopolitique, David Sacks va devoir naviguer en eaux troubles. Un défi à la mesure de ce serial entrepreneur qui n’a jamais eu peur de s’attaquer à des problèmes complexes.