C’est un soulagement qui se lit sur tous les visages au Centre Spatial Guyanais. Jeudi soir, la fusée Vega C a décollé sans encombre de Kourou, en Guyane, emportant avec elle le satellite Sentinel-1C. Une véritable renaissance pour ce lanceur léger européen, après l’échec cuisant qu’il avait subi lors de son vol inaugural il y a deux ans. Une mission sous haute tension qui redonne espoir et ambition à toute une industrie spatiale.
Vega C, un atout maître pour l’Europe spatiale
Vega C n’est pas une fusée comme les autres. Aux côtés d’Ariane 6, elle incarne la souveraineté spatiale européenne. Un accès indépendant et pérenne à l’espace, crucial à l’heure où les tensions géopolitiques s’accroissent. Mais plus qu’un simple lanceur, Vega C est aussi le symbole de la résilience et de la détermination européenne.
C’est crucial parce que l’autonomie stratégique européenne repose sur deux pieds : un grand qui est celui de l’Ariane 6, lanceur lourd, et Vega C qui est un lanceur un peu plus petit mais qui complète bien la capacité européenne d’accès à l’espace.
Philippe Baptiste, PDG du CNES
Le spectre de l’échec
Pourtant, rien n’était gagné d’avance. Le spectre de l’échec de décembre 2022 planait encore dans tous les esprits. Un échec qui avait provoqué la perte de deux satellites et porté un coup d’arrêt brutal au programme. Depuis, les équipes d’Avio, le constructeur italien de Vega C, ont travaillé d’arrache-pied pour comprendre l’origine de la défaillance et y remédier.
Un travail titanesque qui a porté ses fruits. Les ingénieurs ont identifié le problème : une pièce défectueuse dans le moteur du 2ème étage, fournie par un sous-traitant ukrainien. La pièce a été redessinée, le moteur modifié et testé avec succès. Le feu vert était donné pour un nouveau lancement.
Mission Sentinel-1C : l’Europe garde un œil sur sa planète
Pour ce vol de rédemption, Vega C emportait une charge précieuse : le satellite Sentinel-1C. Un engin de plus d’une tonne, fleuron du programme européen Copernicus d’observation de la Terre. Sa mission : scruter notre planète jour et nuit, par tous les temps, pour suivre l’évolution du climat, surveiller l’environnement, prévenir les catastrophes…
Un outil indispensable pour les scientifiques et les décideurs, alors que les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir. Et une belle démonstration de la capacité de l’Europe à se doter de moyens spatiaux à la hauteur des enjeux.
Une fusée, un satellite, des femmes et des hommes
Mais au-delà de la prouesse technique, ce succès est avant tout une victoire humaine. Celle des équipes d’Arianespace, du CNES, de l’ESA, qui ont su se serrer les coudes et garder le cap malgré les vents contraires. Celle des ingénieurs et techniciens d’Avio, qui ont fait preuve d’humilité et de ténacité pour surmonter l’échec. Celle de tous ces passionnés qui font vivre l’aventure spatiale européenne au quotidien.
C’est une immense fierté de voir Vega C revenir en vol. Cela démontre notre résilience et notre engagement sans faille envers l’accès indépendant de l’Europe à l’espace.
Giulio Ranzo, PDG d’Avio
Et maintenant, cap sur la Lune et Mars !
Alors que les applaudissements résonnent encore sur le pas de tir de Kourou, l’Europe spatiale peut déjà se tourner vers de nouveaux horizons. Car Vega C et Sentinel-1C ne sont que les premières briques d’un édifice bien plus vaste. Demain, c’est vers la Lune et Mars que se tourneront les regards, avec les missions ambitieuses d’exploration prévues dans les prochaines années.
Un défi immense, à la mesure des rêves et des espoirs que suscite la conquête spatiale. Mais un défi à la portée d’une Europe unie et déterminée, comme vient de le prouver avec brio le retour gagnant de Vega C. La fusée est lancée, et avec elle c’est tout un continent qui reprend son envol vers les étoiles.