Face à l’offensive rebelle qui a permis la prise de deux grandes villes syriennes, le chef du Hezbollah libanais Naïm Qassem a réaffirmé jeudi le soutien de son mouvement au régime de Bachar al-Assad, son allié de longue date. Dans un discours télévisé, il a fermement condamné les attaques menées par ce qu’il qualifie de « groupes terroristes », dont l’objectif serait de « détruire à nouveau la Syrie pour faire tomber le régime » et « créer le chaos ».
Si M. Qassem n’a pas précisé la nature exacte de l’aide que le Hezbollah, groupe pro-iranien, apporterait au pouvoir syrien, il s’est montré catégorique : « Ils ne seront pas en mesure d’atteindre leurs objectifs malgré ce qu’ils ont fait ces derniers jours et nous, le Hezbollah, serons, autant que nous le pourrons, au côté de la Syrie pour faire échec aux objectifs de cette agression ». Une position sans équivoque, dans la droite ligne de l’alliance stratégique qui unit depuis des années le mouvement chiite libanais au régime baasiste de Damas.
Un soutien ancien mais un Hezbollah affaibli
Ce n’est pas la première fois que le « Parti de Dieu » voleau secours de son allié syrien. Dès 2013, deux ans après le début de la guerre civile chez son voisin, le Hezbollah est intervenu militairement aux côtés des forces loyalistes. Un engagement qui, combiné à l’appui d’autres groupes et puissances pro-Assad, a permis au régime de reprendre une grande partie du territoire dès 2015.
Mais le mouvement chiite est sorti considérablement affaibli de son implication dans le conflit syrien, subissant de lourdes pertes. Sa direction a été largement décimée. Un état de fait encore aggravé par la guerre ouverte de deux mois qui l’a opposé à Israël jusqu’au 27 novembre, date d’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu.
Le retrait progressif des combattants du Hezbollah
Significativement, le Hezbollah avait ces derniers temps retiré progressivement ses combattants de plusieurs positions en Syrie, notamment dans la province d’Alep où l’offensive rebelle actuelle enregistre ses plus grandes avancées. Il s’agissait de mobiliser ces troupes aguerries face à Israël, au détriment de l’allié syrien.
C’est d’ailleurs le jour même de l’entrée en vigueur de la trêve avec l’Etat hébreu qu’a débuté l’offensive des groupes rebelles emmenés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une coalition islamiste radicale. En quelques jours, ils ont réussi un coup de force en s’emparant de deux villes stratégiques : Alep et Hama. De quoi faire vaciller le régime Assad, qui perd du terrain pour la première fois depuis 2015.
Accusations contre les États-Unis et Israël
Pour Naïm Qassem, cette simultanéité ne doit rien au hasard. Il accuse les États-Unis et Israël de soutenir les rebelles afin d’affaiblir l’axe Damas-Téhéran-Hezbollah. Washington et Tel-Aviv n’ont pas réagi à ces allégations, mais ils considèrent HTS comme une organisation terroriste et ont toujours affirmé leur opposition au régime Assad.
Une aide financière aux déplacés libanais
Au-delà du soutien militaire à Damas, le chef du Hezbollah a également évoqué l’aide financière apportée aux Libanais déplacés par la guerre avec Israël. Selon lui, son mouvement et l’Iran ont déjà alloué 77 millions de dollars, sous forme notamment d’un don variant entre 300 et 400 dollars par famille. Plus de 170 000 familles en auraient bénéficié et 20 millions supplémentaires doivent encore être distribués.
« En novembre, le Hezbollah a décidé de donner un don sous forme d’argent, un cadeau du peuple iranien et du Hezbollah, variant entre 300 et 400 dollars par famille. »
Naïm Qassem, chef adjoint du Hezbollah
M. Qassem a aussi promis une aide complémentaire, notamment pour couvrir les loyers des déplacés dont le logement a été détruit. Un soutien financier qui souligne les liens étroits entre le Hezbollah libanais et la République islamique d’Iran, son principal bailleur de fonds.
Dans ce contexte regional tendu, entre une guerre ouverte à peine terminée au Liban sud et une situation syrienne de nouveau très instable, l’engagement réaffirmé du Hezbollah aux côtés de Bachar al-Assad ajoute encore à la complexité d’un conflit qui n’en finit pas. Affaibli mais toujours influent, le mouvement chiite libanais entend bien peser de tout son poids pour défendre son allié et ses intérêts.