Actualités

Effondrement d’immeubles à Marseille : Émotion aux plaidoiries

Vives émotions au procès de l'effondrement d'immeubles à Marseille. Les plaidoiries des parties civiles pointent l'indifférence et le mépris des responsables. La Ville promet un changement radical de politique en matière de logement indigne. Le procès qui secoue Marseille continue...

C’est un procès chargé d’émotions qui se déroule actuellement au tribunal de Marseille. Près de 5 ans après le drame de la rue d’Aubagne, qui avait vu deux immeubles s’effondrer en plein cœur de la cité phocéenne, faisant 8 morts, les plaidoiries des parties civiles ont ravivé la douleur des proches des victimes. Au-delà du chagrin, c’est aussi la colère qui s’exprime face à ce qui est décrit comme « l’indifférence » et le « mépris » des différents acteurs mis en cause.

Un « échantillon de la vie marseillaise » emporté

Les avocats des familles des disparus ont rendu un vibrant hommage aux victimes lors de leurs plaidoiries. Pour Me Céline Lendo, avocate des parents de Simona, 30 ans, morte dans l’effondrement, elles représentaient « un échantillon de la vie marseillaise ». Mais ce qui les a condamnées, a martelé l’avocate, c’est « l’indifférence, le mépris des propriétaires, l’incompétence d’un syndic qui minimise (…), les gestionnaires de l’immeuble mitoyen qui l’ont fragilisé… »

Des mots durs ont également été prononcés à l’encontre des prévenus qui « ajoutent du déni à la douleur » en « rejetant la faute les uns sur les autres ». Des destins brisés, comme celui de Pape Magatte Niasse, venu du Sénégal et mort aux côtés de son amie Simona, après avoir « traversé la Méditerranée en quête de l’eldorado français ». Ou encore la mère du petit Amine, 8 ans au moment du drame, ensevelie sous les décombres.

Des décennies d’aveuglement dénoncées

Au-delà des responsabilités individuelles, c’est toute une politique qui est montrée du doigt. Les avocats ont dénoncé des décennies d’aveuglement de la Ville de Marseille sur l’état désastreux de l’habitat, notamment en centre-ville. Me Philippe Vouland a pointé la « déliquescence de la municipalité, de la pensée politique, la prise en compte quasi-inexistante des quartiers les plus anciens ».

L’enfant, monsieur le président, vous a simplement dit « ma mère est morte ». Que pouvait-il dire d’autre ? Il a dit l’essentiel.

Me Philippe Vouland, avocat du petit Amine, 8 ans lors du drame

La Ville promet un « changement radical de politique »

Face à ces accusations, les avocats de la Ville de Marseille, missionnés par la nouvelle majorité municipale, ont tenu à souligner « un changement radical de politique en matière de logement indigne ». Ils l’ont détaillé chiffres à l’appui, ne réclamant qu’un euro symbolique de dommages et intérêts aux prévenus.

Parmi les 16 personnes prévenues dans ce procès figurent des copropriétaires, un syndic, un bailleur social, l’expert qui avait examiné l’immeuble juste avant le drame, et même un ex-adjoint au maire de Marseille. Une diversité d’acteurs reflétant la complexité de ce dossier, mais dont l’absence en nombre à l’audience a été regrettée par le président du tribunal.

Un procès sous haute tension

Alors que ce procès hors norme entre dans sa phase finale, l’émotion et la tension restent palpables. Au-delà de l’établissement des responsabilités, ce sont des questions de dignité, de respect et de considération pour les populations les plus fragiles qui sont posées.

Les regards sont désormais tournés vers le tribunal de Marseille, qui devra rendre son délibéré dans ce procès érigé en symbole. Symbole d’une ville meurtrie qui peine à panser ses plaies. Symbole aussi de la lutte contre un fléau qui ronge de nombreuses communes : celui du logement indigne et de ses conséquences dramatiques.

Un procès pour que de tels drames ne se reproduisent plus. Pour que la vie de Simona, Fabien, Julien, Cherif, Marie, Taher, Ouloume et Pape, emportés ce 5 novembre 2018, ne soit pas vaine. Les familles des victimes, Marseille, et tout un pays, attendent désormais des réponses et des actes, pour que plus jamais on ne meure d’habiter.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.