Alors que Notre-Dame de Paris s’apprête à rouvrir ses portes ce 8 décembre 2024, près de cinq ans et demi après l’incendie dévastateur qui a ému la planète entière, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, se confie sur les coulisses de cet événement très attendu. Entre enjeux religieux, diplomatiques et politiques, le prélat évoque sans détour les différentes facettes de ce symbole devenu mondial.
Une dimension universelle exacerbée par le drame
« Depuis l’incendie, Notre-Dame revêt indéniablement une vocation mondiale », affirme Mgr Ulrich. Le sinistre du 15 avril 2019 a en effet suscité une vague d’émotion et de solidarité sans précédent aux quatre coins du globe. « Bien au-delà de sa dimension spirituelle et patrimoniale pour les Français, la cathédrale est devenue le témoin de la fragilité et de la résilience de notre civilisation », analyse-t-il.
Le pape absent, Macron omniprésent
Pourtant, cette universalité ne se reflète pas dans la liste des invités à la cérémonie de réouverture. Le pape François, notamment, brillera par son absence. « Il n’a jamais été question qu’il vienne », tranche l’archevêque, sans s’étendre sur les raisons de ce choix. À l’inverse, le président Emmanuel Macron sera lui au premier plan, comme il l’a été tout au long du chantier de reconstruction. Un investissement qui interroge sur la séparation entre l’Église et l’État.
Le général Georgelin et le président de la République ont tissé des liens étroits pour mener à bien ce projet titanesque dans un délai record.
Mgr Laurent Ulrich
Entrée payante : un sujet qui fâche
Autre point de crispation : l’instauration d’un droit d’entrée pour accéder à la nef, une première pour une cathédrale en France. « Cette décision a suscité de vifs débats, reconnaît Mgr Ulrich. Mais au vu de l’afflux de visiteurs attendu, il nous fallait trouver un équilibre entre culte et culture. » Les modalités exactes de cette billetterie, qui devrait épargner les fidèles, restent à définir.
Un chantier pharaonique
Au-delà de ces considérations, c’est bien l’exploit technique et humain réalisé en un temps record qui force l’admiration. « Des centaines de compagnons, d’artisans et d’experts se sont relayés sans relâche pour redonner vie à Notre-Dame », salue l’archevêque. Parmi les prouesses les plus marquantes :
- La reconstruction à l’identique de la charpente en chêne, avec des arbres soigneusement sélectionnés partout en France.
- La restauration des voûtes et du décor intérieur, conjuguant savoir-faire ancestraux et technologies de pointe.
- La sécurisation du site avec un dispositif anti-incendie dernier cri.
Mystères et leçons de l’incendie
Si la piste accidentelle reste privilégiée, les causes exactes du sinistre n’ont toujours pas été élucidées. « Cette part d’ombre rappelle la vulnérabilité de notre patrimoine et la nécessité d’en prendre soin », philosophe Mgr Ulrich. L’épisode aura en tout cas révélé le profond attachement des Français et du monde entier à ce joyau de l’art gothique.
L’élan de générosité sans précédent suscité par l’incendie montre que Notre-Dame dépasse le cadre de la foi. C’est un lieu de communion et de recueillement universel.
Mgr Laurent Ulrich
Nouvelles missions pour la cathédrale
Ainsi parée d’une aura mondiale, Notre-Dame devra relever de nouveaux défis pastoraux et culturels. « Nous devons faire de ce lieu unique à la fois un sanctuaire vivant pour les croyants, un espace de dialogue avec les autres religions et un point de rendez-vous incontournable pour les visiteurs du monde entier », ambitionne l’archevêque de Paris. Un vaste programme, à la hauteur de ce monument d’exception.
Le 8 décembre 2024, lorsque les portes de Notre-Dame s’ouvriront à nouveau, c’est un nouveau chapitre qui s’écrira. Celui d’une cathédrale résiliente et rassembleuse, témoin de son temps et tournée vers l’avenir. Un symbole fort, dont les fascinantes métamorphoses continueront assurément de nous surprendre et de nous inspirer pour les siècles à venir.
