Alors que le conflit en Ukraine s’enlise, un nouveau différend éclate entre Kiev et Washington. Selon une source proche du dossier, l’Ukraine rejette fermement l’appel américain à abaisser l’âge de mobilisation militaire de 25 à 18 ans. Une pression jugée injustifiée par les autorités ukrainiennes qui y voient une tentative de l’administration Biden de détourner l’attention de l’insuffisance de l’aide militaire occidentale.
Washington accentue la pression, Kiev refuse de céder
Depuis plusieurs semaines, les États-Unis multiplient les appels du pied pour que l’Ukraine mobilise des hommes dès 18 ans. L’objectif affiché : combler les rangs de l’armée ukrainienne qui peine à contenir l’avancée russe. Mais Kiev n’entend pas plier. « Nous n’allons pas abaisser l’âge de la mobilisation », martèle un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat, accusant l’administration sortante de Joe Biden d’utiliser cette question pour « se justifier » face aux retards d’équipements.
Un enjeu autant militaire que démographique
Pour l’Ukraine, c’est un sujet brûlant à plus d’un titre. Près de trois ans après le début de l’invasion russe, le pays est exsangue. Les pertes militaires et civiles se comptent en dizaines de milliers. Des millions de réfugiés, principalement des femmes et des enfants, ont fui à l’étranger. Autant de facteurs qui assombrissent dangereusement l’horizon démographique ukrainien.
« Nous mobilisons déjà aujourd’hui plus de personnes que nous ne pouvons en armer »
Un haut responsable ukrainien
Dans ce contexte, abaisser encore l’âge de mobilisation s’apparente à un remède pire que le mal pour Kiev. Malgré un premier abaissement de 27 à 25 ans en début d’année, les autorités refusent d’aller plus loin, arguant que le problème réside davantage dans le manque d’équipements que dans celui d’effectifs.
Le spectre des promesses non tenues
Des propos qui font écho aux récentes déclarations de Jake Sullivan, conseiller américain à la sécurité nationale, enjoignant l’Ukraine à « faire plus » pour renforcer ses lignes de front. Une position vivement critiquée côté ukrainien, où l’on soupçonne la Maison Blanche de vouloir faire porter à Kiev la responsabilité des revers militaires.
« L’armée doit être technologiquement avancée et disposer de suffisamment d’armes, nous ne compenserons pas, par exemple, le manque d’armes ou leur portée insuffisante par la jeunesse des hommes », s’agace notre source. Soulignant que seules « deux brigades et demie » sur la dizaine demandée ont été équipées à ce jour par les partenaires occidentaux, il s’interroge : « Alors pourquoi devrions-nous enrôler plus de personnes ? »
Un bras de fer lourd de conséquences
Au-delà d’un énième désaccord, ce bras de fer cristallise les tensions croissantes entre une Ukraine acculée et des alliés occidentaux pressés d’en finir. Mais aussi les limites d’un soutien qui, s’il ne faiblit pas sur la forme, peine sur le fond à répondre aux besoins criants d’une armée ukrainienne à bout de souffle.
L’issue de ce différend pourrait donc bien déterminer la suite du conflit. Suspendu à l’arrivée hypothétique de renforts, à l’augmentation improbable des livraisons d’armes, et à la capacité de la société ukrainienne à supporter l’insupportable. Autant d’inconnues qui laissent planer le spectre d’une impasse militaire et d’un drame humain sans fin.