Alors que le gouvernement de Michel Barnier vient d’être renversé, une rencontre discrète s’est tenue jeudi matin entre deux figures politiques de premier plan : Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste, et François Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem). Cette réunion, révélée par une source proche du dossier, n’a pas manqué de relancer les spéculations sur un possible rapprochement entre le Parti Socialiste et le MoDem dans la perspective d’un nouveau gouvernement.
Un « tour d’horizon » en attendant le remaniement
Selon les confidences de Bernard Cazeneuve, cette rencontre aurait consisté en un « tour d’horizon du contexte » politique actuel. Une discussion de circonstance alors qu’Emmanuel Macron s’active pour trouver un successeur à Michel Barnier à Matignon. Les noms des deux hommes figurent d’ailleurs parmi les favoris pour ce poste, ce qui confère à leur tête-à-tête une dimension toute particulière.
François Bayrou devait justement déjeuner avec le Président de la République dans la foulée de cet échange avec Bernard Cazeneuve. L’Élysée reste pour l’heure muet sur la teneur des discussions entre le chef de l’État et le patron du MoDem. Mais il ne fait guère de doute que le casting du prochain gouvernement était au menu des agapes.
Les socialistes et les centristes en embuscade
La rencontre Cazeneuve-Bayrou intervient dans un contexte de discussions officieuses entre députés socialistes et centristes. Objectif : trouver les contours d’un accord de non-censure qui permettrait au futur exécutif de gouverner avec une majorité relative à l’Assemblée. Une perspective défendue par les cadres du PS depuis l’annonce du renversement.
Nous devons ouvrir la possibilité d’un pacte républicain transitoire entre le bloc central et le PS pour sortir de la crise.
– Un député socialiste
Du côté de Bernard Cazeneuve, on préfère temporiser. L’ancien locataire de Matignon a ainsi annulé une réunion publique prévue jeudi soir à Bourg-en-Bresse, estimant que « la gravité de la situation justifie le report des réunions publiques pour les jours d’après la nomination du gouvernement ». Une façon de rester concentré sur les tractations en cours.
Vers une « coalibitation » à gauche ?
Si Bernard Cazeneuve venait à être nommé Premier ministre, il devrait composer avec une Assemblée où la gauche est minoritaire. Un scénario de « coalibitation » se dessine, qui verrait le PS s’allier avec le bloc central pour gouverner. Un tour de force politique qui suppose des concessions de part et d’autre.
François Bayrou, habile négociateur, semble avoir flairé l’opportunité d’un tel rapprochement. Sa rencontre avec Bernard Cazeneuve en témoigne. Mais le centriste n’a pas dit son dernier mot et pourrait lui aussi prétendre à Matignon si Emmanuel Macron venait à privilégier l’hypothèse d’un Premier ministre MoDem.
Les Républicains en embuscade
À droite, on observe ces manœuvres avec attention. Si Les Républicains restent divisés sur la conduite à tenir, certains en leur sein plaident pour une forme de bienveillance à l’égard d’une potentielle nomination de Bernard Cazeneuve. Une façon de préserver l’essentiel à leurs yeux : barrer la route à Jean-Luc Mélenchon et à la NUPES.
Si Cazeneuve est nommé, nous fixerons nos lignes rouges. Mais il peut être un rempart contre l’extrême-gauche.
– Un cadre LR
Les prochains jours s’annoncent donc décisifs. Entre négociations de coulisses et consultations officielles, Emmanuel Macron joue une partition délicate. Le chef de l’État doit annoncer son choix pour Matignon au plus tard en début de semaine prochaine. D’ici là, Bernard Cazeneuve et François Bayrou auront sans doute d’autres occasions d’affiner leur stratégie commune. En espérant décrocher le graal de Matignon.