La France traverse actuellement une période de turbulences sans précédent, avec une crise politique majeure qui se double d’une tempête sociale d’une ampleur rarement vue. Alors que le gouvernement vient d’être censuré par les députés et a dû démissionner, les mouvements de grève et les manifestations se multiplient dans tout le pays, témoignant d’une grogne profonde qui touche de nombreux secteurs.
Une journée de mobilisation massive
Ce jeudi a été marqué par une journée de mobilisation interprofessionnelle d’une grande ampleur, à l’appel d’une intersyndicale large. Les agents de la fonction publique, en particulier dans l’éducation, se sont massivement mis en grève pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail et de rémunération. Selon les syndicats, 65% des enseignants du primaire et au moins 50% dans le secondaire ont cessé le travail, des chiffres cependant en-deçà des prévisions du ministère de l’Éducation.
Mais le mécontentement ne se limite pas au secteur public. Les cheminots de la SNCF ont également lancé un mouvement reconductible pour s’opposer au démantèlement annoncé de Fret SNCF et aux conditions d’ouverture à la concurrence. Quant aux agriculteurs, ils bloquent depuis plusieurs jours des axes routiers pour protester contre le traité de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur.
Le gouvernement pris de court
Face à cette fronde sociale, le gouvernement semble totalement dépassé. Déjà fragilisé par la censure des députés et contraint à la démission, l’exécutif voit son plan de lutte contre l’absentéisme des fonctionnaires, pourtant un élément clé de sa politique de réduction des déficits, provoquer une levée de boucliers des syndicats. Des mesures comme le passage de 1 à 3 jours de carence ou la baisse des indemnités maladie cristallisent les tensions.
On est parti sur quelque chose de bien plus gros jeudi.
Luc Farré, secrétaire général UNSA Fonction publique
Les perturbations s’étendent même au transport aérien, la Direction générale de l’aviation civile ayant demandé aux compagnies de réduire leurs vols. Si les répercussions semblent pour l’instant limitées, nul doute que le mouvement pourrait prendre de l’ampleur dans les prochains jours.
Vers une convergence des luttes ?
Plus inquiétant encore pour le pouvoir, c’est la conjonction de ces différentes revendications catégorielles qui pourrait déboucher sur une convergence des luttes et un mouvement social d’une ampleur inédite. Entre les fonctionnaires, les cheminots, les agriculteurs, mais aussi les gilets jaunes toujours mobilisés, la liste des mécontents ne cesse de s’allonger. Et tous semblent déterminés à en découdre.
D’autant que la situation politique, avec une majorité relative à l’Assemblée et un président contesté, offre une fenêtre de tir à même de faire plier l’exécutif. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives et à haut risque pour le pouvoir en place, qui jouera sa survie.
Une chose est sûre : entre crise politique et poussée de fièvre sociale, c’est bien une tempête d’une rare violence qui s’abat actuellement sur le pays. Et nul ne peut prédire jusqu’où elle emportera le pouvoir et nos institutions.