Le paysage des télécommunications au Royaume-Uni est sur le point de connaître une transformation majeure. L’autorité britannique de la concurrence vient en effet de donner son feu vert à la mégafusion entre les opérateurs Vodafone et Three. Un mariage à près de 20 milliards d’euros qui promet de redistribuer les cartes sur le marché de la téléphonie mobile et d’accélérer le déploiement de la 5G outre-Manche.
Un nouveau géant des télécoms voit le jour
Avec cette opération, Vodafone, mastodonte britannique en pleine restructuration, et Three, le plus petit des quatre opérateurs du pays, unissent leurs forces pour créer un acteur de poids. La nouvelle entité ambitionne ni plus ni moins que de devenir le champion de la 5G au Royaume-Uni, une technologie dans laquelle le pays accuse un certain retard.
Le nouveau groupe issu de la fusion pèsera lourd sur l’échiquier des télécoms britanniques. Il ne restera désormais plus que trois opérateurs à se partager le gâteau : le nouvel ensemble Vodafone-Three donc, mais aussi les opérateurs historiques British Telecom (via sa filiale EE) et Virgin Media O2. Un paysage concurrentiel resserré qui n’a pas manqué d’inquiéter les autorités de régulation.
Le régulateur donne son accord sous conditions
Dans un premier temps, la Competition and Markets Authority (CMA) avait fait part de ses craintes. Selon elle, une telle concentration du marché risquait de se traduire par une hausse des prix pour les consommateurs et une dégradation de la qualité de service, en particulier au niveau des forfaits de données mobiles.
Mais le régulateur a finalement revu sa position. Si la fusion réduit le nombre d’acteurs, elle peut aussi stimuler la concurrence sur le long terme en permettant l’émergence d’un opérateur puissant, capable d’investir massivement dans les infrastructures. Un argument qui a visiblement fait mouche, puisque la CMA a donné son feu vert, non sans imposer certaines conditions.
La CMA subordonne son accord à des engagements contraignants de Vodafone et Three pour investir des milliards dans le réseau 5G au Royaume-Uni.
Competition and Markets Authority
11 milliards de livres sur la table pour la 5G
Les deux opérateurs se sont en effet engagés à mettre la main à la poche. Ils prévoient d’investir pas moins de 11 milliards de livres (environ 13 milliards d’euros) dans le développement de la 5G au cours des prochaines années. Un effort financier colossal qui vise à combler le retard du Royaume-Uni en la matière.
Selon une étude du cabinet Ookla, le pays ne se classe en effet qu’à la 53ème place mondiale en termes de vitesse de téléchargement en 5G, loin derrière la plupart des autres pays développés. Les raisons de ce retard sont multiples : sous-investissement chronique, législation parfois inadaptée, bannissement des équipements 5G du chinois Huawei pour des questions de sécurité nationale…
Des garanties pour les consommateurs
Pour obtenir le précieux sésame du régulateur, Vodafone et Three ont aussi dû s’engager à préserver les intérêts des consommateurs. Ils devront ainsi maintenir certains tarifs et forfaits data existants pendant au moins 3 ans. Les contrats passés avec les opérateurs mobiles virtuels comme Lyca Mobile ou Lebara seront également honorés.
Des garanties jugées suffisantes par la CMA pour donner son aval à ce mariage entre géants. La fusion devrait être officiellement finalisée au premier semestre 2025. Vodafone détiendra 51% du nouveau groupe, Three UK (filiale du conglomérat hongkongais CK Hutchinson) les 49% restants.
Vodafone poursuit sa mue
Pour Vodafone, cette opération s’inscrit dans le cadre d’une vaste restructuration initiée il y a plusieurs mois. Confronté à des performances décevantes, le groupe cherche à se recentrer sur ses marchés clés. Il a ainsi cédé récemment ses filiales en Espagne et en Italie, pour un montant total avoisinant les 13 milliards d’euros.
Parallèlement, l’opérateur historique a lancé un vaste plan de réduction des coûts. Il prévoit de supprimer 11 000 postes dans le monde sur trois ans, soit environ 10% de ses effectifs. Une cure d’austérité qui commence à porter ses fruits, puisque Vodafone est repassé dans le vert au premier semestre 2023, dégageant un bénéfice net de plus d’un milliard d’euros.
Avec cette mégafusion, Vodafone espère franchir une nouvelle étape dans son processus de transformation. Reste à savoir si ce pari à 19,7 milliards d’euros sera payant. Une chose est sûre : le nouveau mastodonte des télécoms britanniques aura fort à faire pour tenir ses engagements et faire de la 5G une réalité pour tous les utilisateurs du royaume.