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Le Sri Lanka s’engage à restructurer sa dette d’ici fin 2024

Le Sri Lanka a promis de finaliser la restructuration de sa dette de 46 milliards $ d'ici décembre afin de pouvoir présenter un budget 2025 en ligne avec les exigences du FMI. Mais il reste encore des accords à trouver avec les créanciers pour que le pays puisse à nouveau emprunter sur...

Confronté à une grave crise économique, le Sri Lanka vient d’annoncer une avancée majeure dans son processus de restructuration de dette. Le pays insulaire d’Asie du Sud s’est en effet engagé jeudi à finaliser la renégociation de sa dette extérieure, qui s’élève à 46 milliards de dollars, d’ici la fin du mois de décembre 2024. L’objectif : pouvoir présenter un budget pour l’année 2025 qui respecte les objectifs de recettes fixés par le Fonds monétaire international (FMI), dont le pays dépend actuellement pour sortir la tête de l’eau.

En défaut de paiement depuis avril 2022

La situation économique du Sri Lanka s’est brutalement dégradée ces dernières années. En avril 2022, le pays a été contraint de se déclarer en défaut de paiement sur sa dette extérieure, faute de devises suffisantes pour honorer ses engagements et continuer à financer ses importations essentielles, comme la nourriture, le carburant ou les médicaments. Une première dans l’histoire de cette nation de 22 millions d’habitants.

Pour éviter l’effondrement total, le Sri Lanka a depuis sollicité l’aide de la communauté internationale. Un plan de sauvetage a été mis en place par le FMI, accompagné de mesures d’austérité budgétaire impopulaires mais jugées nécessaires pour redresser les finances publiques. Grâce à ce programme, l’économie sri-lankaise a timidement commencé à se stabiliser ces derniers mois.

Le coût élevé des délais de restructuration

Mais le chemin est encore long avant un retour durable de la croissance. Selon le vice-ministre du Développement économique, Anil Jayantha Fernando, les retards pris dans le processus de restructuration de la dette ont déjà coûté très cher au pays. Évaluant le surcoût à 1,7 milliard de dollars en intérêts supplémentaires cumulés, il a souligné l’urgence de trouver un accord avec les créanciers.

Nous espérons achever la restructuration de la dette bilatérale et des obligations souveraines internationales d’ici le 31 décembre.

Anil Jayantha Fernando, vice-ministre sri-lankais du Développement économique

Satisfaire les exigences du FMI

De son côté, le nouveau président élu en septembre, Anura Kumara Dissanayake, a promis de présenter en février prochain un budget 2025 qui respecte les engagements pris auprès du FMI en termes de recettes et de dépenses publiques. Bien que marxiste de formation, cet ancien opposant s’est largement converti à l’économie de marché depuis son arrivée au pouvoir.

En novembre dernier, il avait accepté de maintenir l’accord signé par son prédécesseur avec le Fonds, portant sur la restructuration d’une dette obligataire de 12,5 milliards de dollars en échange d’une aide de 2,9 milliards. Un revirement par rapport à ses critiques initiales, son parti jugeant alors les conditions trop défavorables au pays.

Des négociations bien engagées mais pas encore finalisées

Si des progrès ont été réalisés ces derniers mois dans les discussions avec les créanciers privés et publics du Sri Lanka, il reste encore des accords formels à acter pour boucler le processus de restructuration. C’est un préalable indispensable pour permettre au pays de retourner sur les marchés financiers internationaux et lever de nouveaux emprunts.

En septembre, une majorité des détenteurs d’obligations souveraines, qui représentent plus de la moitié de la dette obligataire du Sri Lanka, ont accepté d’effacer 27% de leurs créances et 11% des intérêts dus depuis le défaut. Mais tous n’ont pas encore signé, et des négociations sont toujours en cours en parallèle avec certains États créanciers.

Un effort national

Pour tenir ses engagements budgétaires, le Sri Lanka a dû mettre en place des réformes douloureuses mais jugées incontournables par les experts internationaux. Les impôts ont été doublés, les subventions sur l’énergie supprimées, et les prix des produits de base ont fortement augmenté. L’objectif est de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour rembourser les créanciers tout en finançant les dépenses prioritaires.

Le chemin est encore long pour sortir le pays de l’ornière, mais le gouvernement se veut optimiste. Si le Sri Lanka parvient à respecter son calendrier de restructuration de la dette d’ici la fin de l’année, il espère renouer avec une croissance plus dynamique dès 2025 et tourner progressivement la page de la crise. Un espoir partagé par sa population, qui aspire à des jours meilleurs après des années de grande détresse économique et sociale.

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