C’est un procès retentissant qui s’ouvre ce lundi à Paris. Adèle Haenel, actrice emblématique du cinéma français, affronte devant la justice Christophe Ruggia, le réalisateur qu’elle accuse d’agressions sexuelles lorsqu’elle était adolescente. Une affaire qui avait déclenché une vague #Metoo dans le 7ème art hexagonal il y a près de 5 ans.
Retour sur l’affaire qui a libéré la parole
Tout a commencé en 2019 lorsqu’Adèle Haenel, déjà auréolée de deux César, a publiquement accusé Christophe Ruggia, réalisateur du film « Les Diables » dans lequel elle avait joué enfant. Selon l’actrice, le cinéaste se serait livré à des attouchements et un harcèlement sexuel régulier alors qu’elle n’avait que 12 à 15 ans.
Des révélations choc qui ont libéré une parole jusque-là étouffée dans le milieu du cinéma. Dans la foulée, de nombreuses personnalités féminines ont dénoncé le sexisme et les violences subies, donnant naissance à un véritable #Metoo à la française.
En parlant, elle avait ouvert la voie au #Metoo français et bouleversé le monde du cinéma.
Un tournage sous emprise
Lors du tournage des « Diables », Christophe Ruggia aurait progressivement isolé Adèle Haenel, alors âgée de 12 ans, instaurant un climat malsain. Caresses déplacées, mains baladeuses, baisers dans le cou… Plusieurs témoins évoquent un comportement inapproprié du réalisateur envers la jeune actrice.
Une emprise qui se serait poursuivie après le film, Adèle Haenel continuant de fréquenter le domicile du cinéaste. C’est lors de ces visites régulières que se seraient produits les abus sexuels. Des faits contestés par Christophe Ruggia qui nie toute agression.
L’onde de choc des César 2020
La affaire a connu son apogée lors de la cérémonie des César 2020. Indignée par la récompense décernée à Roman Polanski, lui-même accusé de viol, Adèle Haenel a spectaculairement quitté la salle en lançant « La honte! ». Un coup d’éclat retentissant.
Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes.
avait-elle prévenu avant la cérémonie
Depuis, l’actrice s’est mise en retrait du cinéma, soldant une carrière fulgurante. Mais son combat continue, comme en témoigne ce procès très attendu.
Un procès pour faire jurisprudence
Christophe Ruggia comparaît pour « agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité ». Il risque jusqu’à 10 ans de prison. Au-delà de la condamnation de l’homme, ce sont les dysfonctionnements d’un milieu qui pourraient être mis en lumière.
Car comme le souligne l’avocat d’Adèle Haenel, « on parle d’une actrice célèbre qui met en danger sa carrière en accusant un réalisateur ». Un rapport de force déséquilibré qui a trop longtemps favorisé l’omerta. En brisant ce silence, la comédienne a ouvert la voie à d’autres victimes.
Ce procès pourrait ainsi créer une jurisprudence, aussi bien judiciaire que sociétale. Au-delà de la célèbre affaire, c’est tout le fonctionnement du 7ème art qui se retrouve sur le banc des accusés. Avec un verdict très attendu, pour un tournant historique.