Les récents développements dans les hautes sphères du pouvoir américain soulèvent des questions quant à l’influence grandissante des géants de la tech sur la politique. Au cœur de ces interrogations : Elon Musk, l’emblématique entrepreneur à la tête de Tesla et SpaceX, dont la proximité avec le président élu Donald Trump ne cesse de faire parler.
Une mission gouvernementale stratégique confiée à Musk
Preuve de ces liens étroits, Elon Musk vient d’être nommé par Donald Trump à la tête d’une commission ad hoc baptisée « Department of Government Efficiency » (DOGE). L’objectif affiché : rationaliser le fonctionnement de l’appareil étatique et, accessoirement, réaliser des économies budgétaires. Une responsabilité que le milliardaire partagera avec un autre homme d’affaires républicain, Vivek Ramaswamy.
Cette nomination ne manque pas de susciter des craintes quant à de potentiels conflits d’intérêts. Et pour cause : plusieurs des sociétés dirigées par Elon Musk, au premier rang desquelles SpaceX, bénéficient déjà de juteux contrats gouvernementaux. Difficile, dans ces conditions, de ne pas redouter un mélange des genres préjudiciable à l’intérêt général.
Sam Altman se veut rassurant
Interrogé sur cette épineuse question, Sam Altman, le patron de la société d’intelligence artificielle OpenAI dont Elon Musk est l’un des cofondateurs, se montre pourtant confiant. Lors d’une récente interview accordée dans le cadre de la conférence DealBook organisée par le New York Times, il a ainsi déclaré :
La suite pourrait me donner tort, mais j’ai la conviction assez profonde qu’Elon va faire les bons choix. Ce serait vraiment antiaméricain d’utiliser son pouvoir politique pour nuire à ses concurrents et favoriser ses propres intérêts économiques.
Et d’ajouter que cela irait « à l’encontre de valeurs qui lui sont très chères ». Des propos se voulant rassurants, même si Sam Altman concède qu’il y a « beaucoup de choses qu’on peut ne pas aimer » chez le fantasque milliardaire.
Des désaccords de plus en plus marqués
Il faut dire que les relations entre les deux hommes se sont quelque peu tendues ces derniers temps. Elon Musk reproche notamment à OpenAI de s’être détournée de sa mission originelle en privilégiant la recherche de profits au détriment du développement éthique et responsable de l’intelligence artificielle.
Un point de discorde suffisamment sérieux pour que le patron de Tesla décide, début mars, d’attaquer OpenAI en justice pour violation de ses statuts. « Je pense qu’il se trompe complètement », avait alors réagi Sam Altman, refusant de s’étendre sur cette confrontation judiciaire.
Une influence politique qui pose question
Au-delà de cette querelle entre anciens partenaires, c’est bien la question de l’influence politique croissante des milliardaires de la tech qui se pose avec acuité. À l’heure où les GAFAM étendent leur emprise sur des pans entiers de nos sociétés et de nos économies, l’arrivée d’hommes comme Elon Musk au cœur même de l’appareil d’état ne peut que susciter des inquiétudes.
Certes, on peut vouloir croire, comme Sam Altman, que l’entrepreneur saura faire preuve de discernement et ne cèdera pas aux sirènes de la collusion entre politique et affaires. Il n’en demeure pas moins que cette porosité grandissante entre sphère publique et intérêts privés représente une menace bien réelle pour nos démocraties. À suivre, donc, avec la plus grande vigilance.