Après ce camouflet historique, le président de la République se retrouve dans une position plus que délicate. Lui qui pensait avoir les mains libres jusqu’à la fin de son mandat en 2027 voit son autorité et sa crédibilité sérieusement écornées.
Selon des sources proches de l’Élysée, Emmanuel Macron, en déplacement en Arabie Saoudite, aurait été abasourdi par ce vote de défiance auquel il ne s’attendait pas. De retour à Paris mercredi soir, il doit recevoir dès ce jeudi matin la démission du gouvernement Barnier, comme le veut la Constitution.
Le chef de l’État dispose ensuite théoriquement de toute latitude pour nommer un nouveau locataire à Matignon. Mais l’équation politique apparaît insoluble. Ni la gauche, ni la droite, ni le centre ne semblent en mesure de s’entendre pour former une nouvelle coalition gouvernementale viable.
Vers une dissolution de l’Assemblée et des législatives anticipées ?
Face à cette impasse, des voix s’élèvent déjà pour réclamer une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale suivie de législatives anticipées. Une option à haut risque pour Emmanuel Macron, qui pourrait déboucher sur une majorité encore plus hostile, voire sur une cohabitation.
À moins que le président ne se résolve à un remaniement a minima, en reconduisant Michel Barnier ou en nommant une personnalité de consensus, avec pour seule feuille de route de gérer les affaires courantes jusqu’à la fin du quinquennat. Un scénario qui signerait de facto la fin prématurée du macronisme.
Une dette explosive, des réformes bloquées
Au-delà de ces considérations politiciennes, les conséquences économiques et sociales de ce psychodrame s’annoncent lourdes. Avec un déficit public attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien au-delà des 4,4% espérés, la France voit sa dette atteindre des sommets.
Sans budget voté et avec une croissance en berne, le pays se dirige tout droit vers un mur de la dette. Les taux d’emprunt flambent, le spread avec l’Allemagne se creuse. La France emprunte même plus cher que la Grèce, le mauvais élève de la zone euro !
Dans ce contexte délétère, les réformes structurelles promises par Emmanuel Macron (retraites, assurance-chômage, RSA…) semblent vouées à l’enlisement. De quoi nourrir la grogne sociale et le sentiment d’un pays à l’arrêt.
Les ambitions intactes de Marine Le Pen pour 2027
La grande gagnante de ce bras de fer pourrait bien être Marine Le Pen. Auréolée de son rôle dans la chute du gouvernement, la cheffe de l’extrême droite a désormais les yeux rivés sur l’élection présidentielle de 2027.
Donnéfavorite dans les sondages, la fille de Jean-Marie Le Pen rêve de prendre sa revanche après ses échecs de 2017 et 2022 face à Emmanuel Macron. Son objectif : incarner l’alternance face à « l’immobilisme » et au « déni de démocratie » d’un pouvoir « déconnecté du peuple ».
Une ambition qui pourrait toutefois être contrecarrée par la justice. Marine Le Pen risque en effet cinq ans d’inéligibilité dans une affaire de détournement de fonds du Parlement européen. La décision est attendue le 31 mars.
La France, maillon faible de l’Union européenne ?
Cette crise politique majeure n’est pas sans conséquence pour l’Union européenne, dont la France est l’un des principaux piliers avec l’Allemagne. Avec un pays en proie à l’instabilité chronique, c’est l’équilibre même de l’UE qui vacille.
Les partenaires européens observent avec inquiétude cette France qui tangue au rythme des soubresauts électoraux et des coups de poker politiciens. Berlin en tête s’alarme de voir Paris incapable de tenir ses engagements budgétaires et de jouer son rôle moteur.
À Bruxelles comme dans les autres capitales, on redoute que cette énième crise hexagonale ne grippe un peu plus la machine européenne, déjà confrontée au défi de la guerre en Ukraine, de l’inflation et de la transition écologique.
Un pays au bord de la rupture démocratique ?
Au fond, cette censure historique questionne la solidité du modèle démocratique français. Comment un pays peut-il être gouverné durablement dans un tel contexte de défiance et de blocage institutionnel ?
Jamais sous la Vème République, le fossé n’aura semblé aussi béant entre des citoyens en colère, une classe politique discréditée et un exécutif inaudible. Les ingrédients d’une crise de régime se mettent dangereusement en place.
Certains, à gauche comme à l’extrême droite, prônent désormais ouvertement le passage à une VIème République, avec un rééquilibrage des pouvoirs et une dose de proportionnelle. Pour « renouer le lien avec les Français » et éviter une explosion sociale.
Mais gare à ne pas diaboliser la crise actuelle. Elle témoigne aussi, à sa manière, de la vitalité du débat et de la confrontation démocratique. À condition qu’elle ne dégénère pas en paralysie durable ou en violence.
L’Histoire le dira : la chute du gouvernement Barnier restera comme l’un des événements majeurs du quinquennat Macron. Voire du début de XXIème siècle. Il appartient désormais aux responsables politiques de se montrer à la hauteur de ce moment de vérité. L’avenir de la République en dépend.
Un séisme politique d’une ampleur inédite vient de frapper la France. Pour la première fois depuis 1962, l’Assemblée nationale a voté mercredi la censure du gouvernement, après seulement trois mois d’existence. Une décision lourde de conséquences, qui plonge le pays dans l’incertitude politique et économique.
Une alliance « contre-nature » pour faire chuter le gouvernement
C’est une alliance aussi inattendue qu’explosive qui est parvenue à mettre à terre l’exécutif. D’un côté, la gauche radicale menée par La France Insoumise. De l’autre, les députés d’extrême droite du Rassemblement National et leurs alliés. Deux blocs diamétralement opposés idéologiquement, mais qui ont uni leurs voix pour censurer le gouvernement sur des questions budgétaires.
Le Premier ministre Michel Barnier et son équipe n’auront tenu que 90 jours. Un record de brièveté sous la Vème République. Mais au-delà de l’exécutif, c’est bien le président Emmanuel Macron qui était visé par cette fronde transpartisane.
Emmanuel Macron doit s’en aller, il faut des présidentielles anticipées !
a martelé Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée.
Un sentiment partagé par Marine Le Pen, cheffe de file de l’extrême droite, pour qui Emmanuel Macron doit « conclure s’il est en mesure de rester président ». Le chef de l’État voit ainsi sa légitimité et sa capacité à gouverner sérieusement remises en cause.
Un lourd passif politique
Cette motion de censure intervient après des mois de fortes turbulences politiques. Le point de départ : la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron après la débâcle de son camp aux élections européennes face à l’extrême droite.
Un pari risqué, qui s’est soldé par un échec cuisant lors des législatives anticipées. L’Assemblée nouvellement élue s’est retrouvée fracturée en trois blocs irréconciliables (gauche, macronistes, extrême droite), aucun ne disposant de majorité absolue pour gouverner.
S’en sont suivies de longues et âpres tractations, qui ont débouché après 50 jours sur la formation d’un attelage bancal entre la droite et le centre mené par Michel Barnier. Un gouvernement mort-né, qui aura cédé au chantage de l’extrême droite pendant les débats budgétaires, avant d’être lâché.
L’utilisation controversée du 49.3
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase : le déclenchement par le Premier ministre de l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale. Une décision perçue comme un « passage en force » par l’opposition.
C’est suite à ce 49.3 que les deux motions de censure fatidiques ont été déposées. Le gouvernement, lâché par une partie de sa majorité, n’aura pas survécu à ce bras de fer parlementaire.
Emmanuel Macron dos au mur
Après ce camouflet historique, le président de la République se retrouve dans une position plus que délicate. Lui qui pensait avoir les mains libres jusqu’à la fin de son mandat en 2027 voit son autorité et sa crédibilité sérieusement écornées.
Selon des sources proches de l’Élysée, Emmanuel Macron, en déplacement en Arabie Saoudite, aurait été abasourdi par ce vote de défiance auquel il ne s’attendait pas. De retour à Paris mercredi soir, il doit recevoir dès ce jeudi matin la démission du gouvernement Barnier, comme le veut la Constitution.
Le chef de l’État dispose ensuite théoriquement de toute latitude pour nommer un nouveau locataire à Matignon. Mais l’équation politique apparaît insoluble. Ni la gauche, ni la droite, ni le centre ne semblent en mesure de s’entendre pour former une nouvelle coalition gouvernementale viable.
Vers une dissolution de l’Assemblée et des législatives anticipées ?
Face à cette impasse, des voix s’élèvent déjà pour réclamer une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale suivie de législatives anticipées. Une option à haut risque pour Emmanuel Macron, qui pourrait déboucher sur une majorité encore plus hostile, voire sur une cohabitation.
À moins que le président ne se résolve à un remaniement a minima, en reconduisant Michel Barnier ou en nommant une personnalité de consensus, avec pour seule feuille de route de gérer les affaires courantes jusqu’à la fin du quinquennat. Un scénario qui signerait de facto la fin prématurée du macronisme.
Une dette explosive, des réformes bloquées
Au-delà de ces considérations politiciennes, les conséquences économiques et sociales de ce psychodrame s’annoncent lourdes. Avec un déficit public attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien au-delà des 4,4% espérés, la France voit sa dette atteindre des sommets.
Sans budget voté et avec une croissance en berne, le pays se dirige tout droit vers un mur de la dette. Les taux d’emprunt flambent, le spread avec l’Allemagne se creuse. La France emprunte même plus cher que la Grèce, le mauvais élève de la zone euro !
Dans ce contexte délétère, les réformes structurelles promises par Emmanuel Macron (retraites, assurance-chômage, RSA…) semblent vouées à l’enlisement. De quoi nourrir la grogne sociale et le sentiment d’un pays à l’arrêt.
Les ambitions intactes de Marine Le Pen pour 2027
La grande gagnante de ce bras de fer pourrait bien être Marine Le Pen. Auréolée de son rôle dans la chute du gouvernement, la cheffe de l’extrême droite a désormais les yeux rivés sur l’élection présidentielle de 2027.
Donnéfavorite dans les sondages, la fille de Jean-Marie Le Pen rêve de prendre sa revanche après ses échecs de 2017 et 2022 face à Emmanuel Macron. Son objectif : incarner l’alternance face à « l’immobilisme » et au « déni de démocratie » d’un pouvoir « déconnecté du peuple ».
Une ambition qui pourrait toutefois être contrecarrée par la justice. Marine Le Pen risque en effet cinq ans d’inéligibilité dans une affaire de détournement de fonds du Parlement européen. La décision est attendue le 31 mars.
La France, maillon faible de l’Union européenne ?
Cette crise politique majeure n’est pas sans conséquence pour l’Union européenne, dont la France est l’un des principaux piliers avec l’Allemagne. Avec un pays en proie à l’instabilité chronique, c’est l’équilibre même de l’UE qui vacille.
Les partenaires européens observent avec inquiétude cette France qui tangue au rythme des soubresauts électoraux et des coups de poker politiciens. Berlin en tête s’alarme de voir Paris incapable de tenir ses engagements budgétaires et de jouer son rôle moteur.
À Bruxelles comme dans les autres capitales, on redoute que cette énième crise hexagonale ne grippe un peu plus la machine européenne, déjà confrontée au défi de la guerre en Ukraine, de l’inflation et de la transition écologique.
Un pays au bord de la rupture démocratique ?
Au fond, cette censure historique questionne la solidité du modèle démocratique français. Comment un pays peut-il être gouverné durablement dans un tel contexte de défiance et de blocage institutionnel ?
Jamais sous la Vème République, le fossé n’aura semblé aussi béant entre des citoyens en colère, une classe politique discréditée et un exécutif inaudible. Les ingrédients d’une crise de régime se mettent dangereusement en place.
Certains, à gauche comme à l’extrême droite, prônent désormais ouvertement le passage à une VIème République, avec un rééquilibrage des pouvoirs et une dose de proportionnelle. Pour « renouer le lien avec les Français » et éviter une explosion sociale.
Mais gare à ne pas diaboliser la crise actuelle. Elle témoigne aussi, à sa manière, de la vitalité du débat et de la confrontation démocratique. À condition qu’elle ne dégénère pas en paralysie durable ou en violence.
L’Histoire le dira : la chute du gouvernement Barnier restera comme l’un des événements majeurs du quinquennat Macron. Voire du début de XXIème siècle. Il appartient désormais aux responsables politiques de se montrer à la hauteur de ce moment de vérité. L’avenir de la République en dépend.