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Entente illégale : Air Caraïbes et Air Antilles lourdement sanctionnées par l’Autorité de la concurrence

L'Autorité de la concurrence sanctionne lourdement Air Caraïbes et Air Antilles pour une entente illégale sur les prix des billets d'avion entre les îles des Caraïbes françaises et internationales. Découvrez les détails de cette affaire qui secoue le secteur aérien...

Le ciel s’assombrit pour Air Caraïbes et Air Antilles. L’Autorité de la concurrence vient en effet d’infliger à ces deux compagnies aériennes une amende record de 14,5 millions d’euros pour s’être entendues illégalement sur les tarifs des billets d’avion entre 2015 et 2019. Une sanction exemplaire qui fait suite à une enquête approfondie sur les pratiques anticoncurrentielles des transporteurs sur le marché des liaisons aériennes inter-îles au sein des Caraïbes françaises et internationales.

Une entente sur les prix qui a duré près de 5 ans

D’après les éléments révélés par l’Autorité de la concurrence, Air Caraïbes et Air Antilles, avec le soutien d’un cabinet de conseil, ont mis en place pas moins de trois ententes distinctes entre février 2015 et décembre 2019. Des échanges d’informations sur les futures grilles tarifaires, des engagements réciproques sur les prix des billets, et même un accord de non-agression : tout a été fait pour se partager le marché et gonfler artificiellement les marges, au détriment bien sûr des consommateurs.

Les liaisons concernées par ces manœuvres illégales sont celles reliant Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, ainsi que les vols depuis ces deux villes vers Saint-Martin, Sainte-Lucie et Saint-Domingue. Des destinations prisées des touristes et des résidents des Antilles, qui n’ont pas eu d’autre choix que de subir ces hausses de prix concertées.

Air Caraïbes, le plus lourdement sanctionné

Dans le détail des sanctions, c’est Air Caraïbes qui écope de la plus grosse amende avec 13 millions d’euros à payer. Il faut dire que la compagnie du groupe Dubreuil était le leader incontesté sur ces routes et donc le principal instigateur de l’entente. Air Antilles, via sa maison mère K Finance, devra quant à elle s’acquitter de 1,5 million d’euros, tandis que le cabinet de conseil Aérogestion impliqué dans l’affaire a été condamné à verser 70 000 euros.

Les pratiques mises en œuvre par Air Antilles et Air Caraïbes sont particulièrement graves. Les liaisons aériennes représentent un mode de déplacement essentiel aux Antilles, où elles étaient les seules à opérer à l’époque des faits.

Autorité de la concurrence

Un préjudice important pour les consommateurs antillais

Au-delà de la sanction financière, c’est bien le préjudice pour les clients de ces compagnies qui est pointé du doigt. En l’absence de concurrence, les prix des billets ont flambé, réduisant les possibilités de déplacement des habitants des îles et renchérissant le coût des vacances pour les touristes.

D’après une source proche du dossier, la hausse des tarifs aurait pu atteindre jusqu’à 30% sur certaines liaisons, notamment aux périodes de forte affluence comme les fêtes de fin d’année. Un véritable racket organisé qui aura duré près de 5 ans avant que l’Autorité ne mette fin à ces agissements coupables.

Une décision qui fera jurisprudence

Par l’ampleur des sanctions prononcées, l’Autorité de la concurrence envoie un message fort aux acteurs du transport aérien, et plus largement à toutes les entreprises tentées de s’entendre au détriment des consommateurs. Cette décision, particulièrement sévère et motivée, fera sans nul doute jurisprudence.

Elle rappelle que les règles de la concurrence s’appliquent à tous, y compris sur des marchés restreints comme celui des liaisons aériennes dans les Caraïbes. Et que les autorités de régulation n’hésiteront pas à taper fort pour sanctionner les comportements délictueux et rétablir des conditions de marché saines.

Air Caraïbes et Air Antilles se défendent

Face à ces lourdes condamnations, les deux compagnies ont rapidement réagi. Air Caraïbes dit prendre acte de la décision, tout en précisant qu’elle ne concerne que son réseau régional antillais et des faits anciens. Elle indique étudier la possibilité de faire appel.

De son côté, Air Antilles, via son actionnaire principal K Finance, conteste la décision et compte également interjeter appel. Le feuilleton de l’entente des airs caribéens n’a donc pas fini de faire parler de lui. Mais il aura au moins eu le mérite de braquer les projecteurs sur ces pratiques trop longtemps restées dans l’ombre.

Une opportunité pour une concurrence accrue

Au-delà de la sanction, cette affaire pourrait bien rebattre les cartes du transport aérien dans les Antilles françaises. Maintenant que le duopole Air Caraïbes – Air Antilles a été brisé, la voie semble ouverte à de nouveaux entrants sur ce marché juteux.

Certaines compagnies régionales pourraient être tentées de se lancer sur ces routes pour profiter de la situation et gagner des parts de marché. Les consommateurs seraient alors les grands gagnants, avec plus de choix, de meilleurs services et surtout des tarifs enfin alignés sur ceux d’un marché concurrentiel.

L’Autorité de la concurrence aura donc joué son rôle de gendarme des marchés, pour le plus grand bénéfice des usagers du transport aérien aux Antilles. Reste à voir si cette décision suffira à assainir durablement les pratiques et à instaurer une concurrence saine et loyale sur ces liaisons si essentielles pour les populations locales et les visiteurs de la région. L’avenir nous le dira, mais le pavé dans la mare est lancé !

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