À quelques semaines de l’intronisation de Donald Trump pour un second mandat à la Maison Blanche, l’OCDE tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié mercredi, l’organisation met en garde contre le « risque majeur » que représente le retour du protectionnisme pour l’économie mondiale, en particulier si celui-ci est mené par les grandes puissances.
Trump, chantre d’une Amérique protectionniste
Sans le nommer explicitement, l’OCDE vise clairement Donald Trump, qui a été réélu haut la main en novembre dernier. Tout au long de sa campagne, le milliardaire a martelé son credo « l’Amérique d’abord » et promis une flambée des taxes douanières sur les produits importés aux États-Unis.
Lors de son premier mandat entre 2017 et 2021, Trump avait déjà augmenté les droits de douane sur certains produits chinois et européens, mais à une échelle bien moindre que ce qu’il a annoncé ces derniers mois. Des mesures qui, selon une étude du cabinet Roland Berger, pourraient coûter des centaines de milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2029 :
- 533 milliards de dollars pour l’Union européenne
- 749 milliards de dollars pour les États-Unis
- 827 milliards de dollars pour la Chine
De quoi faire flamber l’inflation au niveau mondial. L’OCDE s’inquiète ainsi qu’une « aggravation des incertitudes et la poursuite de l’augmentation du nombre de mesures de restriction des échanges pourraient contribuer à une hausse des coûts et des prix, décourager l’investissement, affaiblir l’innovation et, au final, peser sur la croissance ».
Un protectionnisme généralisé depuis la pandémie et la guerre en Ukraine
Au-delà de Trump, le protectionnisme a retrouvé de la vigueur dans le monde entier depuis la pandémie de Covid-19, qui a révélé la dépendance de nombreux pays vis-à-vis de l’étranger. La guerre en Ukraine a aussi entraîné une réorganisation brutale de certaines chaînes de production.
Des tensions commerciales éclatent un peu partout, comme entre l’UE et la Chine sur la question des véhicules électriques. En réponse à des taxes européennes, Pékin a ainsi annoncé une hausse des droits de douane sur le cognac et d’autres alcools importés d’Europe.
La croissance mondiale menacée malgré sa résilience
Pourtant, comme le souligne l’OCDE, « l’économie mondiale a fait preuve d’une résilience remarquable malgré les chocs majeurs auxquels elle a été soumise, parmi lesquels une pandémie et une crise énergétique ». La croissance mondiale devrait ainsi rester stable à 3,2% cette année et 3,3% en 2025 et 2026.
Mais cette résilience apparente cache de fortes disparités selon les pays. Ainsi, si les prévisions ont été revues à la hausse pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et l’Inde, elles ont été abaissées pour la France et l’Allemagne :
Pays | Croissance prévue en 2025 | Évolution depuis les dernières prévisions |
🇺🇸 États-Unis | 2,4% | +0,8 point |
🇬🇧 Royaume-Uni | 1,7% | +0,5 point |
🇨🇳 Chine | 4,7% | +0,2 point |
🇮🇳 Inde | 6,9% | +0,1 point |
🇫🇷 France | 0,9% | -0,3 point |
🇩🇪 Allemagne | 0,7% | -0,3 point |
Malgré ces prévisions en demi-teinte, une menace plane sur la croissance mondiale selon l’OCDE : le retour en force du protectionnisme, en particulier s’il est mené par les plus grandes économies de la planète comme les États-Unis. Un scénario noir qui pourrait se concrétiser dès le début de l’année prochaine avec Donald Trump de retour aux commandes.