Dans les tranchées boueuses du Donbass, à l’est de l’Ukraine, les soldats ukrainiens peinent à croire en la promesse d’une paix rapide formulée par le président américain élu Donald Trump. Malgré l’épuisement et l’espoir d’un cessez-le-feu, beaucoup redoutent une guerre interminable face à l’offensive incessante des forces russes.
Des soldats ukrainiens sceptiques face aux propos de Trump
Kostia, un soldat ukrainien posté près de Kourakhové, ironise amèrement sur les déclarations de Donald Trump qui a promis de mettre fin au conflit en « 24 heures ». « Une paix rapide est possible, mais seulement au prix de notre défaite », rétorque sa camarade Valeria, 22 ans. Les militaires rencontrés par l’AFP n’accordent guère de crédit à la méthode miracle du président élu pour résoudre le plus important conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Contrairement à l’administration Biden, Trump n’a jamais mentionné la nécessité d’une victoire ukrainienne. Ses positions ambiguës envers Vladimir Poutine et ses critiques du soutien américain, vital pour la défense de l’Ukraine, alimentent les craintes. La nomination de Keith Kellogg, partisan de concessions de Kiev, comme émissaire pour cette guerre, renforce le sentiment d’un règlement défavorable au pays.
L’armée ukrainienne craint un abandon des alliés occidentaux
Au sein des troupes ukrainiennes, éreintées par les durs combats et les lourdes pertes infligées par un ennemi supérieur en nombre et en armement, les paroles du futur président suscitent amertume et inquiétude. Kostia, originaire de l’ouest du pays, estime que même en cas de trêve, « les Russes ne s’arrêteront pas » et la guerre reprendra, s’étendant peut-être aux pays voisins « sur la liste » des cibles du Kremlin.
« Peu importe Trump, nous serons absorbés par Moscou »
– Kostia, soldat ukrainien
Ce vétéran craint que l’Ukraine ne soit « abandonnée » par ses alliés occidentaux. Volodymyr, 23 ans, qui combat près de Pokrovsk là où la Russie a le plus progressé, confesse d’une voix lasse : « Nous perdons ». Le moral des troupes est au plus bas. « Ils veulent tous rentrer chez eux », lâche-t-il, prêt à accepter « n’importe quelle méthode » pour arrêter les combats. Mais il se prépare au pire, convaincu que la Russie attaquera à nouveau.
Des civils résignés à une guerre sans fin
Du côté des civils aussi, le fatalisme domine. Iouri, 56 ans, mineur ayant fui Toretsk sous la pression russe, a perdu son fils dont il a dû abandonner le corps sous les décombres de leur maison bombardée. Interrogé sur une paix rapide, il s’emporte : « Je n’y crois pas ! Poutine ira jusqu’au bout de l’Ukraine! ».
Malgré la promesse de Donald Trump, le spectre d’un enlisement du conflit hante les esprits, des tranchées du Donbass aux villes martyres de l’est ukrainien. Soldats et civils affrontent une réalité cruelle, tiraillés entre l’espérance d’une issue et la résignation face à une guerre qui semble sans fin.