Une frappe aérienne israélienne a fait une nouvelle victime à Damas, la capitale syrienne. Selon un communiqué de l’armée israélienne, Salman Nemer Jomaa, présenté comme un « cadre » et une « figure clé » du mouvement chiite libanais Hezbollah, a été tué dans cette attaque ciblée.
D’après les informations fournies par l’armée israélienne, Jomaa occupait un rôle de premier plan dans la coordination entre le Hezbollah et le régime syrien, notamment en facilitant la contrebande d’armes entre les deux pays. Sa mort représente donc un coup dur pour l’organisation considérée comme terroriste par Israël.
Une frappe chirurgicale en plein cœur de Damas
Les circonstances exactes de l’attaque restent encore floues. L’agence de presse officielle syrienne Sana a rapporté qu’une voiture avait explosé après avoir été visée sur la route menant à l’aéroport international de Damas, faisant un mort. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), un drone israélien serait à l’origine de la frappe qui s’est produite à proximité d’un aérodrome militaire.
Si Israël mène régulièrement des raids en Syrie, visant principalement les forces du régime de Bachar al-Assad et ses alliés iraniens et du Hezbollah, il est rare qu’un officiel de ce calibre soit tué de manière aussi ciblée. Cette opération démontre la détermination de l’Etat hébreu à contrer l’influence grandissante du Hezbollah dans la région.
Un timing révélateur des tensions régionales
La frappe survient dans un contexte de vives tensions entre Israël et le Hezbollah. Les deux camps s’accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu en vigueur au Liban depuis novembre dernier, après deux mois d’affrontements. Israël avait alors prévenu qu’il se réservait « une totale liberté d’action militaire » en cas de violations de la trêve par le Hezbollah.
Le mouvement chiite est également pointé du doigt pour son soutien au Hamas palestinien, engagé dans un conflit ouvert avec Israël dans la bande de Gaza depuis octobre 2023. En ciblant un haut responsable du Hezbollah, Israël envoie un message fort sur sa détermination à combattre ce qu’il considère comme une menace à sa sécurité nationale.
Vers une escalade du conflit israélo-syrien ?
Cette nouvelle frappe risque de raviver les tensions entre Israël et la Syrie. Damas a à plusieurs reprises dénoncé les raids israéliens sur son territoire, y voyant une violation de sa souveraineté. Mais l’Etat hébreu estime agir en légitime défense face aux menaces que représentent la présence iranienne et du Hezbollah en Syrie.
Reste à savoir si cet assassinat ciblé marquera un tournant dans la stratégie israélienne. Jusqu’à présent, les frappes visaient principalement des infrastructures militaires et des convois d’armes. En s’attaquant directement à des hauts responsables ennemis, Israël franchit une étape supplémentaire dans sa guerre de l’ombre au Moyen-Orient.
Les réactions de la Syrie, de l’Iran et du Hezbollah seront scrutées de près dans les prochains jours. Une escalade des représailles pourrait plonger la région dans une nouvelle spirale de violences. La communauté internationale, et en premier lieu les Etats-Unis, allié clé d’Israël, devront jouer un rôle d’apaisement pour éviter un embrasement généralisé.
Des questions en suspens
Au-delà du sort de Salman Nemer Jomaa, cette frappe soulève de nombreuses interrogations. Comment Israël a-t-il pu obtenir des renseignements aussi précis sur les déplacements d’un haut responsable du Hezbollah en Syrie ? Dispose-t-il d’un réseau d’informateurs au cœur du régime syrien et de ses alliés ?
Quelle sera par ailleurs la réponse du Hezbollah, affaibli mais toujours influent au Liban et dans la région ? Son chef Hassan Nasrallah pourrait être tenté par une action d’éclat pour venger la mort de son lieutenant et réaffirmer la capacité de nuisance de son mouvement face à Israël.
Enfin, quel sera l’impact de cet événement sur les fragiles équilibres politiques au Liban, où le Hezbollah joue un rôle prépondérant ? Une déstabilisation du pays du Cèdre risquerait d’entraîner de nouveaux affrontements avec Israël et de plonger la région dans le chaos.
Une fois de plus, le Moyen-Orient retient son souffle après une spectaculaire opération des forces israéliennes. Les prochains jours diront si cet assassinat ciblé restera un épiphénomène ou marquera un nouveau chapitre sanglant dans la guerre de l’ombre que se livrent Israël et ses ennemis dans la région.