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Vaste opération policière contre l’extorsion dans les prisons colombiennes

Une vaste opération policière a été déclenchée dans les prisons colombiennes pour démanteler les réseaux d'extorsion. Des centaines de téléphones ont été saisis et plusieurs complices arrêtés. Plongez au cœur de cette intervention musclée qui...

Ce mardi, les autorités colombiennes ont donné le coup d’envoi d’une opération policière d’envergure visant à démanteler les réseaux d’extorsion qui sévissent depuis les prisons du pays. Pas moins de 11 établissements pénitentiaires, notamment à Bogota, Medellin et Ibagué, ont été pris d’assaut dès les premières heures de la matinée par près de 2000 policiers et membres des forces spéciales, appuyés par des hélicoptères et des unités canines.

L’objectif affiché est clair : porter un coup fatal à ces criminels qui, bien qu’incarcérés, continuent de terroriser la population en organisant un vaste système de racket et de menaces. Grâce aux téléphones portables introduits illégalement dans les prisons, les malfaiteurs extorquent leurs victimes par appels ou SMS, tandis que leurs complices à l’extérieur se chargent d’intimider commerçants et chefs d’entreprise.

Un fléau qui gangrène l’Amérique du Sud

L’extorsion depuis les prisons n’est malheureusement pas l’apanage de la Colombie. Comme le souligne le gouvernement, il s’agit de l’une des principales sources de revenus du crime organisé dans de nombreux pays sud-américains. Au Pérou, la situation est telle que l’état d’urgence a dû être décrété dans la capitale pour endiguer une vague d’extorsions qui exaspère transporteurs et commerçants.

Mais en Colombie, le phénomène prend une ampleur particulièrement inquiétante. D’après les autorités de Bogota, des gangs originaires du Venezuela, tels que le Tren de Aragua et Los Satanas, tirent les ficelles de ce juteux trafic. Leurs méthodes sont aussi simples que redoutables : ceux qui refusent de payer sont froidement exécutés.

L’omerta des victimes

Si en 2023, plus de 9800 personnes ont dénoncé à la police colombienne être victimes d’extorsion, ce chiffre ne reflète hélas qu’une infime partie de l’iceberg. Par peur des représailles, une grande majorité d’extorqués préfère garder le silence et obtempérer aux sinistres injonctions de leurs bourreaux.

Le médiateur colombien chargé de la protection des droits humains a appelé le gouvernement à « moderniser le système pénitentiaire grâce à la technologie afin d’améliorer la neutralisation du signal des appareils mobiles dans les prisons ».

Un responsable cité sous couvert d’anonymat

Des « impôts révolutionnaires » en zone rurale

Loin d’être l’apanage des grands centres urbains, l’extorsion gangrène également les campagnes colombiennes. Guérillas comme l’ELN ou les dissidents des FARC, mais aussi puissants cartels à l’instar du Clan del Golfo, rackettent les populations locales sous couvert d' »impôts révolutionnaires ». Un euphémisme qui cache en réalité un chantage permanent destiné à asseoir leur contrôle sur ces territoires.

Premiers résultats encourageants

À la mi-journée, l’opération anti-extorsion semblait porter ses premiers fruits. Selon un porte-parole de la police nationale colombienne, 8 individus ont d’ores et déjà été appréhendés, dont 6 gardiens de prison soupçonnés de complicité avec les malfaiteurs. Par ailleurs, plus de 300 téléphones portables, nerf de la guerre pour les extorqueurs, ont été saisis.

S’il est encore trop tôt pour crier victoire, ce coup de filet à grande échelle démontre la volonté des autorités de s’attaquer résolument à ce fléau qui mine le quotidien et le moral des Colombiens. Reste à espérer que cette lutte s’inscrira dans la durée et donnera un signal fort aux truands qui pensaient pouvoir continuer à sévir en toute impunité depuis leur cellule.

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