La question des otages israéliens détenus à Gaza est revenue sur le devant de la scène internationale suite à la déclaration fracassante de Donald Trump. Dans un communiqué publié lundi, le président américain sortant a en effet exigé que le Hamas, mouvement islamiste contrôlant la bande de Gaza, libère tous les captifs avant la fin de son mandat le 20 janvier, menaçant de représailles en cas de refus.
Un avertissement qui a été salué par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Dans un message vidéo en anglais diffusé mardi, il a exprimé sa gratitude envers Donald Trump pour sa « déclaration forte hier sur l’obligation du Hamas de libérer les otages », y voyant la preuve que « le Hamas, et non le gouvernement israélien » est le seul responsable du blocage de la situation.
Le Hamas accuse Israël de « sabotage » des négociations
Une position vivement contestée par le Hamas. Bassem Naïm, haut responsable du mouvement, a rétorqué que « Netanyahu a saboté toutes les tentatives » de parvenir à un cessez-le-feu depuis le déclenchement de la guerre en octobre 2023. Selon lui, MM. Trump et Netanyahu « doivent mettre fin à leur jeu diabolique consistant à utiliser les négociations comme couverture pour leurs intérêts personnels, politiques idéologiques ».
Cette passe d’armes verbale intervient dans un contexte de fortes tensions, près de trois mois après le début d’une guerre meurtrière entre Israël et les factions armées palestiniennes de Gaza. D’après un bilan de l’AFP, ce conflit a fait au moins 1206 morts côté israélien, principalement des civils, et plus de 44 500 morts à Gaza selon le Hamas, là aussi en majorité des civils.
97 Israéliens toujours captifs à Gaza
Au cœur des contentieux figure le sort des otages israéliens. Sur les 251 ressortissants d’Israël enlevés en territoire israélien par des commandos palestiniens, 97 seraient encore retenus à Gaza selon l’État hébreu. Parmi eux, 35 ont été déclarés morts par l’armée mais leurs corps n’ont jamais été restitués.
Obtenir leur libération ou rapatriement est une priorité absolue du gouvernement Netanyahu, qui a multiplié les canaux de négociations, officiels comme officieux. Mais jusqu’ici en vain, le Hamas exigeant en échange la remise en liberté de milliers de ses membres emprisonnés en Israël, ce que ce dernier refuse catégoriquement.
La communauté internationale se mobilise
Face à cette impasse, la communauté internationale s’est progressivement mobilisée ces dernières semaines pour tenter une médiation. L’Égypte et le Qatar, interlocuteurs privilégiés des deux camps, multiplient les navettes, tout comme l’envoyé spécial de l’ONU pour le Moyen-Orient.
La déclaration de Donald Trump vient donc mettre un coup de projecteur supplémentaire sur ce dossier humanitaire sensible. Mais elle risque aussi de braquer un peu plus le Hamas et de compliquer encore les efforts diplomatiques en cours.
« Israël n’acceptera jamais le chantage du Hamas qui prend en otage nos civils. Nous continuerons à œuvrer par tous les moyens pour les ramener à la maison. Le président Trump l’a dit clairement : il n’y a qu’un responsable, le Hamas, et il paiera le prix fort s’il persiste »
– Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël
L’épineuse question des prisonniers
Car la question des otages est intimement liée à celle, tout aussi complexe, des milliers de prisonniers palestiniens détenus en Israël, dont beaucoup sans jugement ou pour des motifs de « sécurité ». Leur sort cristallise la colère de la population à Gaza comme en Cisjordanie occupée.
En 2011, Israël avait accepté de relâcher plus d’un millier de détenus en échange du soldat Gilad Shalit, capturé par le Hamas en 2006. Un « accord de la honte » pour la droite israélienne, un exemple à suivre du point de vue palestinien.
Depuis, les dirigeants israéliens successifs ont exclu toute nouvelle libération massive. Ils privilégient des échanges au compte-gouttes associant otages israéliens contre prisonniers ou dépouilles de combattants palestiniens.
Négociations en coulisses
Des discussions en ce sens seraient en cours sous l’égide de l’Égypte. Selon des sources diplomatiques, un premier « geste de bonne volonté » du Hamas pourrait intervenir dans les prochains jours avec le renvoi en Israël de deux civils souffrant de troubles mentaux.
En échange, Israël s’engagerait à transférer des dizaines de prisonniers vers des hôpitaux du Qatar et d’Égypte pour y être soignés, ainsi qu’à assouplir le blocus en vigueur depuis plus de 15 ans sur la bande de Gaza.
Mais ces marchandages laborieux sont loin de régler le fond du problème. Tant qu’un accord global de cessez-le-feu incluant la restitution de tous les captifs et le retour des corps ne sera pas conclu, Gaza restera au bord de l’embrasement, avec son lot quotidien de raids aériens israéliens et de tirs de roquettes palestiniens.
« Nous n’arrêterons jamais notre lutte et notre résistance à l’occupation tant que nous n’aurons pas obtenu la libération de tous nos héros emprisonnés. C’est un engagement sacré. En attendant, Israël doit assumer les conséquences de son entêtement criminel »
– Yahya Sinwar, chef du Hamas dans la bande de Gaza
Sur fond d’impasse politique et de tensions permanentes, c’est donc une véritable tragédie humanitaire qui se joue de part et d’autre. Pour des centaines de familles israéliennes et palestiniennes, l’attente et l’angoisse d’être séparées d’un proche se prolongent cruellement, avec peu d’espoir d’un dénouement rapide et heureux.
Une détresse partagée qui devrait pousser les dirigeants à intensifier leurs efforts pour trouver une issue pacifique et durable à ce conflit qui n’a que trop duré. Le sort de civils innocents, otages d’enjeux qui les dépassent, l’exige. Il en va du droit international humanitaire et des droits humains les plus élémentaires.