Depuis près de deux cents ans, un débat passionné secoue la communauté internationale: celui du retour des célèbres frises du Parthénon à Athènes. Joyaux de l’art antique exposés au British Museum de Londres, ces sculptures de marbre sont au cœur d’un bras de fer diplomatique entre la Grèce et le Royaume-Uni. Mais un dénouement pourrait enfin se profiler à l’horizon…
Un trésor sculpté il y a 2500 ans
Édifiées au Ve siècle avant notre ère, à l’apogée de la puissance athénienne, les frises du Parthénon ornaient jadis le temple dédié à Athéna, déesse protectrice de la cité. Ces sculptures, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, constituent un témoignage exceptionnel de l’art hellénistique.
Mais au début du XIXe siècle, alors que la Grèce était sous domination ottomane, Lord Elgin, ambassadeur britannique auprès de l’Empire ottoman, fit retirer une partie des frises. Celles-ci furent vendues au gouvernement britannique en 1817 avant d’être confiées au British Museum, où elles sont exposées depuis sous le nom de « marbres d’Elgin ».
Un rapatriement réclamé par Athènes
Depuis des décennies, la Grèce exige la restitution de ce qu’elle considère comme faisant partie intégrante de son patrimoine culturel. Cette campagne avait été relancée dans les années 1980 par la chanteuse Melina Mercouri, alors ministre de la Culture.
Londres maintient cependant que ces œuvres ont été acquises légalement par Lord Elgin, qui aurait obtenu l’autorisation du sultan ottoman. Mais selon la Turquie, aucune preuve d’un tel document n’a été retrouvée dans les archives ottomanes.
Vers un accord historique ?
La donne pourrait toutefois changer. Selon des sources proches du dossier, les négociations sur le retour des frises seraient en bonne voie. Une priorité pour le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis depuis son arrivée au pouvoir en 2019.
Cette possible percée intervient alors que l’opinion britannique a évolué en faveur d’une restitution. Un sondage YouGov indique que 53% des Britanniques sont désormais favorables au retour des marbres en Grèce.
Un éventuel accord pourrait impliquer des partenariats sur la conservation des antiquités et des échanges d’œuvres.
Pavlos Marinakis, porte-parole du gouvernement grec
De premiers signaux encourageants ont été envoyés, comme la restitution par le Vatican de trois fragments du Parthénon en 2023. La réunion à Londres entre Kyriakos Mitsotakis et son homologue Keir Starmer pourrait marquer un tournant décisif.
Si un compromis est trouvé, il devra contourner la loi britannique de 1963 interdisant au British Museum de se séparer de ses trésors. Une formule de « dépôt » à long terme à Athènes, sans transfert de propriété, fait figure de piste privilégiée.
Affaire à suivre donc, pour ce contentieux aux allures de saga hellénistique, riche en coups de théâtre, où l’espoir d’un dénouement heureux n’a jamais été aussi fort pour les héritiers de Périclès. Les frises du Parthénon retrouveront-elles enfin leur terre natale ? Réponse dans les prochains épisodes…