En cette fin d’année 2024, un nouveau record vient d’être franchi aux îles Canaries. Selon des sources proches du ministère de l’Intérieur espagnol, le nombre de migrants entrés illégalement via cet archipel au large de l’Afrique a déjà dépassé le précédent record annuel établi en 2023. Une situation alarmante qui pousse le gouvernement à chercher des solutions, non sans controverses.
Plus de 41 000 arrivées en 11 mois, un record absolu
D’après les données mensuelles obtenues, pas moins de 41 425 migrants ont accosté aux Canaries entre janvier et novembre 2024. Le mois de novembre a été particulièrement intense avec 7 338 arrivées, soit le chiffre mensuel le plus élevé enregistré depuis le début de l’année. À titre de comparaison, le nombre total d’arrivées en 2023, qui était déjà un record, s’élevait à 39 910 sur l’ensemble des 12 mois.
Cette tendance confirme que les îles Canaries sont devenues la principale porte d’entrée des migrants en Espagne. Pas moins de 610 embarcations clandestines sont parvenues à rejoindre les sept îles de l’archipel depuis janvier, contre 530 sur toute l’année 2023. À l’échelle du pays, 56 976 arrivées ont été comptabilisées à ce jour en 2024, soit une augmentation de 12,7% par rapport au total de 2023 (50 551).
Les autorités lancent l’alerte face à l’afflux de mineurs
Face à ces arrivées massives, les autorités locales ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises ces derniers mois. Elles se disent notamment débordées par l’afflux de mineurs non accompagnés, dont la prise en charge dans des centres d’accueil adaptés devient très compliquée. Des discussions sont en cours entre le gouvernement central et le Parti populaire (PP) pour répartir l’accueil de ces mineurs sur l’ensemble du territoire espagnol, mais les négociations patinent.
Une réforme migratoire pour faciliter les régularisations
Dans ce contexte tendu, le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a adopté mi-novembre une réforme réglementaire visant à faciliter la régularisation des immigrés illégaux. Une mesure jugée nécessaire pour répondre au vieillissement de la population et aux besoins de main d’oeuvre de l’économie espagnole.
Concrètement, cette réforme prévoit de réduire les délais pour l’obtention des titres de séjour et d’étendre de 3 mois à 1 an la durée du visa de recherche d’emploi. Selon les estimations, jusqu’à 300 000 immigrés pourraient être régularisés chaque année pendant 3 ans grâce à ce nouveau dispositif. Mais cette initiative suscite des critiques dans l’opposition.
La route de l’Atlantique, plus attractive mais toujours meurtrière
Si les Canaries sont autant prises d’assaut par les migrants, c’est en raison du déplacement des routes migratoires ces dernières années. La surveillance accrue en Méditerranée a rendu la traversée depuis les côtes africaines vers l’archipel espagnol plus attractive, malgré sa dangerosité.
En effet, les autorités estiment que des milliers de migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Europe par cette « route de l’Atlantique », principalement au départ du Maroc, de la Mauritanie et du Sénégal. Nombre d’entre eux prennent place à bord d’embarcations surchargées et en mauvais état, multipliant les risques de naufrage.
Malgré ces drames et la forte mortalité sur cette route migratoire, rien ne semble endiguer le flot continu de candidats à l’exil. Débordée, l’Espagne peine à apporter une réponse coordonnée et humaine à ce défi migratoire, qui ne cesse de s’amplifier au fil des années. La question est plus que jamais au coeur des débats dans un pays en première ligne face à la pression de l’immigration clandestine.
