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Entre la France et l’Arabie Saoudite, des Relations Économiques Déséquilibrées

La visite d'État d'Emmanuel Macron en Arabie Saoudite met en lumière les enjeux économiques entre les deux pays. Malgré une volonté de renforcer les échanges, le déficit commercial français persiste, marqué par une dépendance pétrolière et une concentration sur des secteurs vulnérables. Analyse des forces et faiblesses d'une relation bilatérale en mutation.

La visite d’État du président Emmanuel Macron en Arabie Saoudite, débutée lundi, met en lumière les enjeux économiques cruciaux entre les deux pays. Accompagné d’une importante délégation d’entreprises, le chef de l’État français entend «renforcer de manière très importante» les échanges bilatéraux, jugés en-deçà des ambitions communes. Pourtant, derrière les effets d’annonce, les relations économiques franco-saoudiennes demeurent profondément déséquilibrées.

Un déficit commercial persistant pour la France

Malgré une hausse des exportations françaises vers l’Arabie Saoudite ces dernières années, le déficit commercial entre les deux pays reste significatif. Selon les données des Douanes françaises, il s’élevait à près de 4 milliards d’euros en 2022. Un déséquilibre principalement dû aux importations massives d’hydrocarbures saoudiens.

« La France importe pour environ 6 milliards d’euros de pétrole brut d’Arabie Saoudite chaque année, soit près de 15% de ses approvisionnements »

– Un expert du secteur pétrolier

Cette dépendance énergétique constitue le premier poste d’importation française en provenance du royaume. En face, les exportations tricolores, bien que diversifiées, peinent à rééquilibrer la balance.

Une concentration sur des secteurs vulnérables

Outre l’aéronautique et la défense, les principaux secteurs d’exportation français vers l’Arabie Saoudite concernent des domaines sensibles aux aléas conjoncturels :

  • Les biens de consommation, en particulier le luxe
  • L’agroalimentaire et les vins et spiritueux
  • Les équipements mécaniques et électriques

Des activités durement touchées par les répercussions économiques de la crise sanitaire et qui tardent à retrouver leur niveau pré-pandémie. De plus, elles font face à une concurrence internationale accrue sur le marché saoudien.

Vision 2030 : des opportunités à saisir

Lancé en 2016 par le prince héritier Mohammed ben Salmane, le plan Vision 2030 vise à diversifier l’économie saoudienne pour réduire sa dépendance au pétrole. Un programme pharaonique qui nécessite des investissements colossaux dans de nombreux secteurs : énergies renouvelables, tourisme, infrastructures, santé, numérique…

Pour les entreprises françaises, c’est une occasion unique de se positionner sur des projets d’envergure et de renforcer leur présence dans le royaume. Emmanuel Macron a d’ailleurs appelé les acteurs économiques à « saisir les opportunités » offertes par les réformes saoudiennes.

« L’Arabie saoudite s’est engagée dans une transformation en profondeur de son modèle économique et les entreprises françaises ont un rôle clé à jouer »

– Une source proche de l’Élysée

Défis et enjeux d’une relation en mutation

Si les opportunités sont réelles, les défis restent nombreux pour rééquilibrer les échanges économiques franco-saoudiens. La concurrence s’annonce rude face aux mastodontes américains et asiatiques, déjà bien implantés dans le Golfe.

De plus, la France devra composer avec les exigences d’un partenaire qui entend utiliser son poids financier pour peser sur la scène internationale. Le récent rapprochement entre Riyad et Pékin en est l’illustration. Un jeu d’influence auquel Paris devra s’adapter, sans compromettre ses intérêts stratégiques.

Enfin, la question des droits humains reste un point de friction récurrent entre les deux pays. Si Emmanuel Macron a assuré aborder le sujet « de manière franche et constructive » avec ses homologues saoudiens, la realpolitik économique semble primer. Un équilibre délicat à tenir pour la diplomatie française.

En définitive, la visite d’État du président Macron en Arabie Saoudite est révélatrice des enjeux complexes qui pèsent sur les relations économiques entre les deux pays. Malgré une volonté affichée de renforcer les échanges, le chemin vers un véritable partenariat stratégique s’annonce encore long et semé d’embûches. À Paris comme à Riyad, il faudra plus que des effets d’annonce pour bâtir une relation économique équilibrée et pérenne.

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