Le Canada traverse actuellement une crise politique d’une ampleur inédite. Depuis fin septembre, le Parlement est paralysé par un blocage orchestré par l’opposition conservatrice qui a décidé de montrer les muscles face au Premier ministre libéral Justin Trudeau. Un bras de fer qui pourrait bien mener à des élections anticipées si aucune issue n’est trouvée rapidement.
L’opposition conservatrice bloque le Parlement
Voilà plus de deux mois que les travaux parlementaires sont à l’arrêt complet à Ottawa. Emmenés par leur chef Pierre Poilievre, les députés conservateurs empêchent tout débat et vote tant que le gouvernement n’aura pas publié des documents liés à un fonds controversé. Un blocage d’une durée exceptionnelle qui réduit à néant la session d’automne.
Lundi soir, le président de la Chambre des communes Greg Fergus a dû intervenir, optant pour une mesure rare afin de permettre l’adoption de certains textes clés. Car les conséquences de ce blocage se font déjà sentir : plus de 20 milliards de dollars canadiens (13,5 milliards d’euros) de dépenses, notamment sociales et pour l’Ukraine, sont gelées.
Le « scandale » du fonds pour les technologies vertes
Au cœur de cet affrontement : le fonds TDDC, un organisme public finançant des entreprises prometteuses dans les technologies propres. Selon un rapport de la vérificatrice générale, celui-ci aurait enfreint les règles sur les conflits d’intérêts à 90 reprises. Les conservateurs exigent l’accès à tous les documents liés à ce fonds fermé depuis, ce que refuse Justin Trudeau.
Tous les partis semblent assez heureux que le Parlement ne fasse rien. C’est un peu absurde.
– Lori Turnbull, professeure à l’Université Dalhousie
Cette paralysie arrange-t-elle finalement les différents partis ? C’est ce que semble penser Lori Turnbull, experte en sciences politiques. Le NPD, ancien allié des libéraux, joue la carte de l’équilibriste, renvoyant dos à dos gouvernement et opposition. Quant à Justin Trudeau, très impopulaire dans les sondages, il n’a que peu de leviers.
Vers des élections anticipées ?
Si l’impasse devait perdurer, le spectre d’un retour prématuré aux urnes se précise. Le gouvernement minoritaire de Trudeau, lâché par son allié de gauche et fragilisé par des revers à répétition, a déjà survécu à deux motions de censure cet automne. Mais cette crise sans précédent pourrait lui porter le coup de grâce.
D’autant que les sondages donnent une large avance aux conservateurs de Poilievre en cas de nouvelles élections. Au pouvoir depuis 2015, le Premier ministre libéral, qui a déjà perdu la majorité absolue en 2021, voit sa côte de popularité s’éroder. Cette paralysie prolongée du Parlement pourrait bien sonner le glas de l’ère Trudeau.
Parti | Députés |
Parti libéral | 153 |
Parti conservateur | 119 |
Bloc québécois | 33 |
NPD | 25 |