Fumer dans les lieux publics pourrait bientôt devenir plus compliqué en Europe. Les 27 États membres de l’Union européenne examinent actuellement une proposition visant à étendre considérablement les zones non-fumeurs. Terrasses de cafés, abribus, abords des écoles… De nombreux espaces extérieurs pourraient passer sans tabac, et même interdire les cigarettes électroniques. Une recommandation qui divise, entre partisans d’une réglementation plus stricte et défenseurs de la liberté des fumeurs.
La Commission européenne veut aller plus loin
C’est la Commission européenne qui est à l’origine de cette proposition, dans le cadre de sa politique de lutte contre le tabagisme. Avec 24% de fumeurs parmi sa population, l’Europe reste l’une des régions du monde les plus concernées par ce fléau, responsable de plus de 8 millions de décès par an selon l’OMS, dont 1,3 million dus au tabagisme passif.
Pour protéger les non-fumeurs, en particulier les plus jeunes et les plus vulnérables, Bruxelles propose donc de généraliser les espaces sans tabac :
- Aux abords des hôpitaux et des établissements scolaires
- Aux arrêts de transports en commun et abribus
- Dans les aires de jeux et les parcs d’attractions
- Sur les terrasses des cafés et restaurants
Et d’y proscrire également les nouveaux produits comme le tabac chauffé et la cigarette électronique, plébiscités par les jeunes mais aux effets sanitaires préoccupants selon l’OMS.
Objectif « Génération sans tabac » pour 2040
Avec ces mesures, l’UE espère progresser vers son objectif ambitieux : une « génération sans tabac » à l’horizon 2040, où moins de 5% des Européens consommeraient encore ces produits. Car malgré les campagnes de prévention et les hausses de taxes, le tabagisme peine à reculer.
Il est essentiel de créer des environnements sans tabac autour des écoles et des centres de soins pour protéger les plus jeunes et les plus vulnérables.
Laurent Castillo, eurodéputé (PPE)
Pour autant, ces recommandations n’ont pas de valeur contraignante. La politique de santé relève avant tout de la compétence des États, libres de les appliquer en fonction de leur situation nationale. Une souplesse que certains jugent nécessaire.
Divergences au Parlement européen
Au Parlement européen, le sujet a d’ailleurs suscité des désaccords. Une résolution similaire, examinée la semaine dernière, a été rejetée par une alliance hétéroclite entre partisans d’une réglementation plus dure et opposants à toute prohibition.
Les amendements de l’extrême droite visant à différencier cigarettes électroniques et tabac ont notamment été combattus par la gauche. Et des élus ont invoqué la « liberté des fumeurs » pour s’opposer au texte dans sa globalité.
Un vote symbolique mais crucial
Le vote des ministres de la Santé ce mardi sera donc observé avec attention. Même symbolique, il donnera une indication importante des politiques anti-tabac que les Vingt-Sept pourraient mener dans les années à venir.
Un débat crucial pour la santé publique européenne, alors que le tabac tue encore 700 000 personnes chaque année dans l’UE. Étendre les zones non-fumeurs est une arme de plus dans ce combat, qui touche à des questions de liberté individuelle et de responsabilité collective. Un équilibre toujours délicat à trouver.