Face à l’offensive fulgurante lancée par une coalition de groupes rebelles en Syrie, dominée par les islamistes radicaux, les États-Unis ont appelé lundi tous les pays à user de leur influence pour parvenir à une désescalade du conflit. Washington demande à toutes les parties prenantes d’œuvrer à la protection des populations civiles prises au piège des combats et de faire avancer le processus politique visant à mettre un terme à cette guerre dévastatrice qui déchire le pays depuis 2011.
Une coalition rebelle s’empare d’Alep, Washington appelle à la retenue
Les déclarations américaines interviennent alors que pour la première fois depuis le début du conflit, le régime de Bachar al-Assad a perdu le contrôle total d’Alep, la deuxième ville de Syrie, face à l’assaut des rebelles. Un revers cinglant pour Damas, infligé par une alliance de factions insurrectionnelles menée par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), un groupe islamiste radical.
Devant la presse, le porte-parole du département d’État américain Matthew Miller a souligné : « Nous attendons de tous les pays qu’ils utilisent leur pouvoir – et leur influence – pour œuvrer à une désescalade, la protection des civils et, à terme, faire avancer le processus politique. » Un message qui semble s’adresser particulièrement à la Turquie, soutien de certains groupes rebelles en Syrie, qui a néanmoins réfuté toute ingérence étrangère dans l’offensive du HTS.
Washington appelle à protéger les civils, sans soutenir les rebelles
Interrogé sur un éventuel message adressé à Ankara pour protéger la population kurde, Matthew Miller a précisé que les États-Unis continueraient « à indiquer clairement à toutes les parties et à tous les pays qui s’engagent auprès d’un camp en Syrie qu’ils doivent faire tout leur possible pour protéger les civils ». Une position délicate pour Washington, qui avait estimé par le passé que le président syrien avait perdu toute légitimité, sans pour autant considérer les rebelles comme une alternative viable.
« Assad est un dictateur brutal avec du sang sur les mains (…) En aucun cas, nous ne soutenons cette organisation [HTS], de quelque manière que ce soit »
– Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain
Le porte-parole a réaffirmé lundi la position américaine : « Rien n’a changé concernant notre politique. Assad est un dictateur brutal avec du sang sur les mains ». Tout en condamnant fermement l’offensive lancée par le HTS, une organisation « terroriste désignée comme telle par les États-Unis » et en aucun cas soutenue par Washington.
Assad dénonce une tentative de « redessiner » le Moyen-Orient
De son côté, le président syrien Bachar al-Assad a dénoncé lundi une tentative de « redessiner » la carte du Moyen-Orient, face à l’assaut mené par les rebelles dans le nord du pays. Une offensive qui marque un tournant dans le conflit, fragilisant considérablement le pouvoir en place à Damas, qui peine à contenir la poussée des insurgés malgré le soutien de ses alliés russes et iraniens.
La guerre civile en Syrie, qui a éclaté en 2011 sur fond de contestation populaire contre le régime autoritaire de Bachar al-Assad, a fait plus de 500 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés. Malgré les efforts diplomatiques et les interventions militaires étrangères, aucune solution politique n’a jusqu’à présent permis de mettre un terme à ce conflit complexe et meurtrier, qui a vu l’émergence de groupes jihadistes comme l’État islamique.
Alors que la Syrie sombre dans le chaos, la communauté internationale semble plus que jamais divisée sur la marche à suivre. L’appel des États-Unis à une désescalade et à la protection des civils résonne comme un aveu d’impuissance face à une situation qui ne cesse de se détériorer, sans perspective de règlement à court terme. Un constat amer pour les populations syriennes, premières victimes d’un conflit qui a déjà trop duré.