Lors d’un discours prononcé au prestigieux Banquet du Lord-maire à Londres, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré avec fermeté que le Royaume-Uni n’avait nullement besoin de choisir entre ses deux principaux alliés, l’Union européenne et les Etats-Unis, malgré les tensions commerciales croissantes entre ces derniers.
Cette déclaration intervient dans un contexte où les relations entre l’UE et les USA pourraient se dégrader suite à l’élection de Donald Trump, connu pour ses penchants protectionnistes. D’après une source proche du dossier, le milliardaire républicain aurait comparé l’Union européenne à une « mini Chine » abusant des Etats-Unis via d’importants excédents commerciaux.
Tourner la page du Brexit
Depuis son arrivée au 10 Downing Street il y a cinq mois, Keir Starmer s’est efforcé d’améliorer les relations avec l’UE, cherchant à tourner la page des années de tensions liées au Brexit. Parallèlement, il a tenté de se rapprocher de l’équipe de Donald Trump, un virage notable pour le parti travailliste historiquement plus proche des démocrates.
Conscient des sujets épineux comme le protectionnisme trumpien ou le soutien à l’Ukraine, le dirigeant britannique a martelé que le Royaume-Uni devait impérativement travailler avec ses deux alliés, citant l’exemple de ses illustres prédécesseurs :
« (Clement) Attlee n’a pas choisi entre ses alliés. (Winston) Churchill n’a pas choisi. L’intérêt national exige que nous travaillions avec les deux »
– Keir Starmer
Soutien indéfectible à l’Ukraine
Sur le dossier ukrainien, le Premier ministre a réitéré l’engagement du Royaume-Uni à soutenir Kiev « aussi longtemps qu’il le faudra » face à l’invasion russe. Il a rappelé la volonté de son gouvernement de porter les dépenses de défense à 2,5% du PIB, au-delà de l’objectif de 2% fixé par l’Otan, exhortant les pays européens à suivre cet exemple.
Depuis le début du conflit en 2022, les Britanniques ont été parmi les plus fervents soutiens de l’Ukraine, fournissant des milliards d’euros d’aide militaire : armes, équipements, formation des troupes… Un engagement que Keir Starmer entend bien poursuivre.
Défendre les intérêts britanniques
Au-delà des enjeux géopolitiques, le chef du gouvernement se trouve face à un délicat exercice d’équilibriste pour défendre au mieux les intérêts du Royaume-Uni. Préserver de bonnes relations avec l’UE, premier partenaire commercial, tout en cultivant des liens étroits avec les Etats-Unis, allié stratégique de longue date.
Selon un diplomate européen souhaitant garder l’anonymat, Keir Starmer devra faire preuve de doigté et de persuasion pour convaincre ses deux partenaires de l’écouter et de coopérer malgré leurs différends. Un défi de taille qui pourrait façonner durablement la place du Royaume-Uni sur l’échiquier international post-Brexit.