La France retient son souffle. Alors que le Premier ministre Michel Barnier a engagé la responsabilité de son gouvernement via l’article 49.3 pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale, l’opposition monte au créneau. La France insoumise et le Rassemblement national ont annoncé le dépôt de motions de censure qui, si elles étaient votées, provoqueraient la chute de l’exécutif et une crise politique majeure. Un scénario catastrophe qui affole les marchés financiers.
La dette française dans la tourmente
C’est un véritable séisme qui secoue le marché obligataire. Alors que le gouvernement Barnier est sur un siège éjectable, les investisseurs fuient massivement la dette française. Le taux d’emprunt pour les obligations d’État à 10 ans a grimpé à 2,92%, contre seulement 2,04% pour le Bund allemand, considéré comme la référence en Europe. Le « spread », c’est-à-dire l’écart de taux entre la France et l’Allemagne, atteint désormais 88 points de base, tout proche de son record de 90 points touché la semaine dernière quand une censure semblait imminente.
Ce décrochage de la dette française est un signal très préoccupant. Il reflète la défiance des grands créanciers internationaux envers notre économie. Symbole terrifiant : emprunter coûte désormais plus cher à la France qu’à l’Espagne ou au Portugal, et presque autant qu’à la Grèce !
Un risque systémique pour les finances publiques
Cette envolée des taux pèse lourdement sur les comptes publics, alors que la dette française atteint des sommets à plus de 3200 milliards d’euros. Selon le ministre du Budget, la charge de la dette devrait grimper à 60 milliards d’euros par an, rien que pour payer les intérêts. Une situation intenable si les taux continuent leur ascension.
Nous sommes assis sur une bombe à retardement. Si le gouvernement tombe, ce sera la panique sur les marchés et une dégradation sévère de notre notation financière. Les taux exploseront et on entrera dans un cercle vicieux d’endettement et d’austérité.
Un haut-fonctionnaire de Bercy
L’euro fragilisé, les actions résistent
Les turbulences hexagonales pèsent sur l’ensemble de la zone euro. L’euro a dévissé face au dollar, tombant à 1,0470 dollar, et a également perdu du terrain face à la livre sterling. Une monnaie affaiblie qui pourrait relancer l’inflation importée.
Seule éclaircie, la Bourse de Paris résiste pour l’instant plutôt bien. Le CAC 40 a terminé stable (+0,02%) malgré la crise politique et le départ surprise du directeur général de Stellantis Carlos Tavares. Mais les actions françaises ont déjà beaucoup souffert ces derniers mois, avec un CAC 40 en baisse de plus de 5% depuis janvier.
Un risque politique majeur
Si la censure était votée, « ce serait une humiliation pour le gouvernement Barnier qui n’aurait d’autre choix que de démissionner » d’après une source proche de Matignon. Le Président devrait alors soit nommer un nouveau Premier ministre, soit dissoudre l’Assemblée et convoquer de nouvelles élections législatives. Un environnement toxique pour les investisseurs qui exigent de la stabilité et de la visibilité.
Et même en cas de survie du gouvernement, l’absence de majorité, l’usage répété du 49.3 et les tensions politiques à répétition promettent une cohabitation houleuse et une crise de confiance durable envers la signature française. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir économique et financier du pays. L’exécutif marche sur des œufs et la moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres sur les marchés.