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Les États-Unis saluent l’extension de la coopération bancaire israélo-palestinienne

Les États-Unis se félicitent de la prolongation par Israël de la coopération bancaire avec la Palestine, évitant ainsi une crise humanitaire en Cisjordanie. Mais cette décision ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement israélien...

C’est un soulagement pour l’économie palestinienne. Lundi, les États-Unis ont salué la décision d’Israël de prolonger d’un an la dérogation permettant aux banques israéliennes de coopérer avec leurs homologues palestiniennes. Une mesure vitale pour la stabilité financière en Cisjordanie, ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Washington avait fait pression sur son allié israélien pour renouveler cette dérogation, craignant dans le cas contraire des conséquences dramatiques pour l’économie cisjordanienne. « La stabilité économique en Cisjordanie est indispensable pour la sécurité des Israéliens et des Palestiniens, et la correspondance bancaire est un pilier essentiel de cette stabilité économique », ont souligné le département d’État et le Trésor américain dans un communiqué commun.

Un processus sous haute tension

L’approbation de cette extension lors d’une réunion du cabinet de sécurité israélien jeudi dernier ne s’est pas faite sans heurts. En mai, le ministre des Finances israélien Bezalel Smotrich, issu de l’extrême droite et fervent partisan de l’annexion de la Cisjordanie, avait menacé de couper ce canal bancaire en réponse à la reconnaissance par trois pays européens de l’État de Palestine.

Une menace qui avait fait frémir les Palestiniens, dont le fonctionnement du système financier et la vie quotidienne dépendent du renouvellement de cette garantie de l’État israélien. Traditionnellement renouvelée chaque année, celle-ci était suspendue depuis l’attaque sans précédent du Hamas en octobre 2023, déclenchant la guerre actuelle entre Israël et le mouvement islamiste à Gaza.

Couper les banques palestiniennes de leurs homologues israéliennes créerait une crise humanitaire.

– Janet Yellen, secrétaire au Trésor américaine

Colonisation contre coopération bancaire

Selon des sources proches du dossier, Bezalel Smotrich aurait finalement accepté de prolonger la garantie bancaire de quelques mois seulement, en échange de concessions sur l’extension des colonies juives en Cisjordanie. Depuis le 30 juin, cette garantie a ainsi été renouvelée à plusieurs reprises, pour des durées variables, la dernière fois pour un mois jusqu’au 30 novembre.

Pour justifier ces extensions limitées, le ministre invoquait des craintes sur le financement de groupes armés palestiniens via les banques. Un argument balayé par les États-Unis, la secrétaire au Trésor Janet Yellen avertissant qu’une coupure des liens bancaires « créerait une crise humanitaire ». En octobre, elle avait fait part de sa « déception » face à une prolongation limitée à 30 jours seulement.

Un répit fragile pour l’économie palestinienne

Avec cette extension d’un an de la dérogation bancaire, l’économie cisjordanienne bénéficie d’un répit bienvenu. Mais celui-ci reste fragile, suspendu au bon vouloir du gouvernement israélien le plus à droite de l’histoire du pays. La stabilité financière des Territoires palestiniens est plus que jamais otage des turbulences politiques en Israël.

La reconnaissance internationale grandissante de l’État de Palestine irrite la droite dure israélienne, qui y voit une remise en cause de sa politique d’annexion rampante de la Cisjordanie. Et la tentation est grande d’utiliser le levier économique pour faire pression sur les Palestiniens. Comme l’a montré la crise bancaire des derniers mois, la survie financière des territoires occupés ne tient qu’à un fil, que certains à Jérusalem rêvent de couper.

Malgré le soulagement à court terme, l’avenir économique des Palestiniens de Cisjordanie reste donc plus qu’incertain. À la merci de décisions politiques unilatérales, prises par un occupant déterminé à étendre toujours plus ses colonies. Dans ce contexte, la « stabilité économique indispensable pour la sécurité » appelée de ses vœux par Washington apparaît bien précaire. Le répit accordé aujourd’hui pourrait n’être qu’une simple pause avant de nouvelles tensions demain.

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