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Retailleau et Barnier veulent économiser sur la protection des anciens ministres

Le gouvernement Barnier veut réduire la protection policière d'anciens ministres pour faire des économies. Une réforme qui suscite la polémique et interroge sur la sécurité des personnalités politiques. Les détails du projet de loi dévoilés.

Dans un contexte de recherche d’économies budgétaires, le gouvernement Barnier envisage de réduire la protection policière dont bénéficient certains anciens ministres, parfois à vie. Une trentaine de personnalités seraient concernées par cette réforme qui suscite déjà la polémique.

Un projet de loi remis par le Ministre de l’Intérieur

Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur, a remis le 28 novembre dernier un projet de réforme à Michel Barnier, le Premier Ministre. Selon une source proche du dossier, il s’agirait de revoir les conditions d’attribution de la protection policière à certains anciens membres du gouvernement.

Actuellement, une trentaine de personnalités, essentiellement d’ex-Premiers ministres ou ministres de l’Intérieur, bénéficient d’une protection à vie. Des ministres délégués en exercice, mais ne disposant pas d’une notoriété comparable aux autres membres du gouvernement, seraient aussi visés.

Un classement des menaces pour déterminer le niveau de protection

Les bénéficiaires d’une protection policière sont classés selon une échelle de menaces établie par l’Unité de Coordination de la Lutte Anti-Terroriste (UCLAT), allant du niveau T1 (menace la plus élevée) au niveau T4. Les personnalités potentiellement impactées par la réforme seraient celles classées en T4, c’est-à-dire les moins exposées ou faisant l’objet de menaces plus ponctuelles.

Il s’agit des personnalités les moins exposées ou faisant l’objet de menaces plus aléatoires.

Une source proche du dossier

Soulager un service « hyper sollicité »

Au-delà de l’aspect budgétaire, cette réforme viserait aussi à alléger la charge de travail du Service de la Protection (SDLP), décrit comme « hyper sollicité » par cette même source. Réaffecter des effectifs sur des missions jugées prioritaires permettrait de renforcer la sécurité globale.

Mais cette perspective inquiète certains des bénéficiaires actuels. Même classés en catégorie T4, beaucoup estiment que leur exposition passée justifie le maintien d’une protection, aussi allégée soit-elle. La crainte de devenir des cibles plus faciles est réelle.

Le gouvernement assume une politique de « sobriété »

Quelques jours avant la remise de ce rapport, le Premier ministre avait laissé entendre que des efforts seraient demandés aux anciens ministres sur leur train de vie. Il avait plaidé pour un fonctionnement de l’État plus « sobre » et plus « simple ».

Je veux par exemple demander un effort aux anciens ministres et aux anciens Premiers ministres.

Michel Barnier, Premier Ministre, sur TF1 le 27 novembre

Une communication en phase avec l’objectif affiché de réduction des dépenses publiques. Mais un équilibre délicat à trouver entre rationalisation budgétaire et maintien de la sécurité pour ceux qui ont servi l’État à haut niveau.

Des négociations à venir

Le rapport Retailleau n’est qu’une première étape. Le gouvernement devra désormais entamer des discussions avec les personnalités concernées pour étudier au cas par cas la pertinence du maintien ou non de leur protection.

Un travail de longue haleine qui s’annonce complexe tant le sujet est sensible. D’un côté, l’exécutif aura à cœur de montrer sa détermination à réformer un système coûteux. De l’autre, il devra rassurer sur sa capacité à garantir la sécurité de ceux qui, par leurs anciennes fonctions, peuvent rester des cibles privilégiées.

Des critères à affiner

Au-delà du niveau de menace établi par l’UCLAT, d’autres paramètres pourraient entrer en ligne de compte comme la durée passée au gouvernement, les fonctions occupées ou le degré réel d’exposition. Autant de critères qui restent à définir pour aboutir à un système plus juste et proportionné.

Cette réforme de la protection des anciens ministres illustre la difficulté pour l’exécutif de réformer un système bien installé. Si la nécessité de rationaliser les dépenses publiques fait consensus, toucher à la sécurité d’anciens serviteurs de l’État reste un sujet explosif.

Le gouvernement Barnier joue là une partie délicate. Réussir à faire accepter cette réforme sans générer un sentiment d’insécurité chez les premiers concernés sera un test de son autorité et de sa capacité à transformer le pays. Les prochains mois s’annoncent déterminants pour savoir jusqu’où l’exécutif est prêt à aller dans sa volonté de « sobriété ».

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