En l’espace de quelques jours, la deuxième ville de Syrie, Alep, est tombée aux mains des rebelles. Un revers cinglant pour le régime de Bachar al-Assad, qui n’avait jamais perdu le contrôle total de cette cité stratégique depuis le début du conflit en 2011. Cette défaite marque un tournant décisif dans une guerre qui déchire le pays depuis plus d’une décennie.
La Chute d’Alep : Chronologie d’une Offensive Fulgurante
Tout a basculé le mercredi 1er décembre 2024, lorsqu’une coalition de groupes rebelles, dominée par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), a lancé une offensive massive contre les forces gouvernementales. En quelques jours, les insurgés ont pris le contrôle de dizaines de localités dans les provinces d’Alep, d’Idleb et de Hama.
Samedi, les rebelles se sont emparés de la majeure partie de la ville d’Alep, à l’exception des quartiers aux mains des forces kurdes. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), c’est la première fois depuis 2011 qu’Alep échappe totalement au contrôle du régime. Plus de 410 personnes ont perdu la vie dans ces combats acharnés.
Bachar al-Assad Cherche le Soutien de ses Alliés
Face à cette débâcle, le président syrien Bachar al-Assad s’est tourné vers ses alliés iraniens et russes. Lors d’une rencontre à Damas avec le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, Assad a souligné «l’importance du soutien des alliés et des amis pour faire face aux attaques des terroristes».
De son côté, la Russie a annoncé que ses forces aériennes aidaient l’armée syrienne à repousser les rebelles dans plusieurs provinces. Des frappes russes ont notamment visé Alep, faisant 12 morts parmi les civils selon l’OSDH.
À moins qu’Assad ne lance une contre-offensive bientôt ou que la Russie et l’Iran n’envoient beaucoup plus de soutien, je ne pense pas que le gouvernement pourra reprendre la ville.
Aron Lund, du centre de réflexion Century International.
La Communauté Internationale Appelle à la Désescalade
Dans un communiqué conjoint, les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont appelé à la «désescalade» en Syrie. Ils ont souligné que l’escalade du conflit montrait «la nécessité urgente» de trouver une «solution politique» à cette guerre qui a fait plus de 500 000 morts et des millions de déplacés.
Mais sur le terrain, les violences ne faiblissent pas. Dimanche, des avions russes et syriens ont bombardé Alep et Idleb, visant selon Damas «un rassemblement de commandants d’organisations terroristes». La reprise des hostilités à grande échelle fait craindre le pire pour les civils pris au piège des combats.
Alep, Enjeu Crucial de la Guerre en Syrie
Ancienne capitale économique du pays, Alep revêt une importance stratégique et symbolique majeure. Sa perte représente un camouflet pour Bachar al-Assad, qui avait repris le contrôle total de la ville fin 2016 après des mois de siège et de bombardements dévastateurs.
La chute d’Alep aux mains des rebelles montre la fragilité des gains du régime, malgré l’appui crucial de Moscou et Téhéran. Elle risque de bouleverser les équilibres dans le nord de la Syrie, où la Turquie soutient certains groupes rebelles pour contrer les forces kurdes qu’elle considère comme terroristes.
Quel Avenir pour la Syrie ?
Près de douze ans après le début du soulèvement contre Bachar al-Assad, le conflit syrien semble plus que jamais dans l’impasse. Morcelé en zones d’influence rivales, le pays est le théâtre d’une guerre par procuration entre puissances régionales et internationales.
Malgré les appels répétés au dialogue, les espoirs d’une solution politique s’amenuisent. La reprise des combats à Alep montre que les armes n’ont pas fini de parler en Syrie. Et comme toujours, ce sont les civils qui paient le prix fort de cette guerre sans fin.